La possibilité de relancer l’exploitation pétrolière sur les terres ogonis suscite une vive inquiétude parmi les habitants de cette région du delta du Niger. Lors d’une réunion à la villa présidentielle d’Abuja, le gouverneur de l’État de Rivers a plaidé pour une reprise de la production de pétrole sur ces terres, en présence de représentants du peuple ogoni et de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPCL). Cependant, cette initiative est vivement rejetée par une vingtaine d’organisations de la société civile, qui expriment leur préoccupation face à ce projet.
Depuis les années 1990, après de violentes manifestations contre un projet d’oléoduc de la compagnie Shell, l’exploitation pétrolière a été suspendue dans la région ogoni. Toutefois, des tentatives de relance de l’activité pétrolière se font régulièrement entendre. Alex Sewell, spécialiste du Delta du Niger, explique que ces velléités ont pris une nouvelle tournure. « En décembre dernier, le gouvernement a approuvé la vente des sites de Shell à un consortium nigérian. Je pense que cette discussion sur la reprise de la production pétrolière vient directement de cet accord.
La nouvelle compagnie considère ces sites comme des atouts majeurs et, maintenant que Shell est techniquement hors-jeu, il est urgent de relancer l’exploitation à la manière nigériane. »
Les inquiétudes des organisations de la société civile se concentrent sur les conséquences de cette reprise pour la population ogoni et l’environnement. Parmi les principales revendications, Celestine Akpobari, responsable du People Advancement Center et défenseur des droits environnementaux, a déclaré que « le président du Nigeria doit suspendre tous les projets de reprise de l’extraction pétrolière sur les terres ogonis tant qu’il n’y a pas eu de véritable consultation avec le peuple ogoni et tant que l’environnement n’a pas été entièrement restauré. »
Les organisations appellent également à des compensations financières substantielles pour les dommages environnementaux causés par l’exploitation passée du pétrole dans la région.
Elles exigent le versement d’une somme de 1 000 milliards de dollars pour financer le nettoyage du delta du Niger et indemniser les communautés affectées par la pollution.
Les préoccupations du peuple ogoni trouvent leur origine dans des décennies de pollution environnementale et de conflits liés à l’exploitation pétrolière dans la région.
Le delta du Niger, riche en pétrole, a été le théâtre de graves dérives écologiques, notamment la contamination des sols, des eaux et des airs, affectant gravement la santé et les moyens de subsistance des communautés locales. Alors que la question de la reprise de l’exploitation pétrolière se précise, la société civile nigériane redoute un scénario similaire si aucune solution durable n’est trouvée pour restaurer l’environnement et garantir les droits des populations concernées.
VivAfrik