La question des bases russes en Syrie au cœur de la visite de responsables russes à Damas

Deux hauts responsables russes sont arrivés mardi 28 janvier dans la capitale syrienne. Une première depuis la chute en décembre de l’allié du Kremlin, l’ex-président Bachar el-Assad, Moscou souhaitant conserver ses deux importantes bases militaires en Syrie.

Selon les agences de presse russes d’État, Ria Novosti et Tass, le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov et l’envoyé spécial du président russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, sont sur place avec une délégation. Le média russe RT Arabic a affirmé qu’ils devaient rencontrer le nouveau dirigeant syrien, Ahmed al-Charaa, et son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chibani.

Pour l’heure, les autorités syriennes n’ont pas commenté cette visite, ce mardi 28 janvier.

À l’issue d’une offensive éclair, une coalition rebelle dominée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigé par Ahmed al-Charra, a renversé le 8 décembre Bachar el-Assad, qui s’est réfugié en Russie avec sa famille. Son départ a constitué un revers pour Moscou, qui était, avec l’Iran, le principal soutien de l’ex-dirigeant syrien et intervenait militairement en Syrie depuis 2015.

L’avenir des bases russes en question
Depuis, le sort de la base navale de Tartous et de l’aérodrome militaire de Hmeimim, des infrastructures clés pour la Russie afin de maintenir son influence au Moyen-Orient, dans le bassin méditerranéen et jusqu’en Afrique, est en question.

Le nouveau dirigeant syrien, Ahmed al-Charaa, avait néanmoins adopté fin décembre un ton plutôt conciliant, saluant les « intérêts stratégiques profonds » entre la Syrie et la Russie et exprimant un désir de reconstruire la relation avec Moscou. « La Russie est un pays important (…) Il existe des intérêts stratégiques profonds entre la Russie et la Syrie », avait-il affirmé lors d’une interview avec la chaîne Al-Arabiya, précisant que « tout l’armement syrien est d’origine russe et (que) de nombreuses centrales électriques sont gérées par des experts russes ».

« Nous ne voulons pas que la Russie quitte la Syrie de la manière dont certains le souhaiteraient », avait-il ajouté.

Mi-décembre, le président russe Vladimir Poutine avait lui assuré que la chute de Bachar el-Assad n’était pas « une défaite », déclarant que Moscou y avait atteint son objectif en empêchant que le pays ne devienne « une enclave terroriste ». La Russie a été vivement critiquée pour son intervention militaire en Syrie à partir de 2015 pour sauver Bachar el-Assad. Elle a participé à la répression impitoyable des rebelles, notamment en menant des frappes aériennes dévastatrices.

L’Ukraine joue sa carte en Syrie
Pour sa part, l’Ukraine, en conflit armé avec Moscou, entend peser contre un maintien de la Russie en Syrie. Fin décembre, le chef de la diplomatie ukrainienne, Andrii Sybiha, avait rencontré Ahmed al-Charaa lors d’une visite surprise à Damas. Andrii Sybiha avait alors plaidé pour « l’élimination » de la présence russe en Syrie, assurant que cela contribuerait « à la stabilité non seulement de l’État syrien, mais aussi de l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique ».

L’Ukraine avait rompu ses relations diplomatiques avec Damas en 2022, à la suite de la reconnaissance par la Syrie de l’annexion de la Crimée, péninsule ukrainienne prise par Moscou en 2014. Depuis la fuite de Bachar el-Assad, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis d’aider la Syrie à se reconstruire et l’Ukraine, grand pays agricole, a envoyé une première cargaison d’aide alimentaire: 500 tonnes de farine de blé.

rfi

You may like