La Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) a distingué, le 28 janvier 2025, les travaux de Koulibi Fidèle Zongo, enseignant-chercheur burkinabè. Son étude scientifique, une première du genre, évalue l’impact d’un compost fabriqué localement par une quarantaine de femmes agricultrices dans la région Nord du Burkina Faso, une zone confrontée à la dégradation des sols et à l’insécurité.
Une approche scientifique pour améliorer la fertilité des sols
Cette recherche s’intéresse à l’expérience de 42 cultivatrices de Niessèga, située à une cinquantaine de kilomètres de Ouahigouya. Ces agricultrices, spécialisées dans la culture du sorgho et du niébé, produisent un compost à partir de ressources locales telles que des graminées de brousse, de la bouse de vache et de la cendre.
Selon Koulibi Fidèle Zongo, l’objectif initial était de caractériser ces composts en identifiant les substrats utilisés et d’analyser leur apport en nutriments essentiels.
Dans une seconde phase, des tests d’amélioration ont été menés en incorporant des légumineuses broyées, produites localement, afin d’optimiser la fertilité du compost.
Des résultats encourageants, mais un travail accru
Les résultats obtenus en seulement un an sont prometteurs : les taux d’azote, de phosphore et de potassium ont augmenté de manière significative, et les rendements agricoles ont progressé de 80 %.
Toutefois, une question essentielle demeure : l’effort supplémentaire requis pour produire ce compost est-il économiquement viable pour ces femmes agricultrices ?
« La prochaine étape est d’analyser la faisabilité technico-économique de cette production de compost, car les agricultrices doivent parcourir de plus grandes distances pour collecter les matériaux nécessaires. Il est primordial d’évaluer la charge de travail avant d’envisager une extension de cette méthode à d’autres régions du Burkina Faso », explique Koulibi Fidèle Zongo.
Des solutions financières alternatives pour une résilience économique
L’insécurité persistante dans plusieurs zones rurales du Burkina Faso complique l’accès aux financements traditionnels. Les banques et institutions de microfinance ont progressivement quitté ces régions, forçant les agriculteurs à trouver des alternatives.
Selon Gifty Narh, directrice de l’agence Corade, un organisme de conseil en développement rural basé à Ouagadougou, les communautés locales s’organisent en Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC). « Ces structures permettent aux agriculteurs de mutualiser leurs ressources financières et de s’octroyer des prêts avec des taux d’intérêt ne dépassant pas 5 % », souligne-t-elle.
Cette stratégie de crédit endogène s’impose comme une solution viable pour maintenir les activités agricoles et renforcer la résilience des populations face aux défis économiques et environnementaux.
FICOU