Les pays baltes ont achevé dimanche leur intégration au réseau électrique de l’Union européenne (UE) après avoir rompu la veille leurs liens avec le réseau russe. Un changement salué par la présidente de la Commission comme « la liberté » vis-à-vis « des menaces » et « du chantage ».
Anciennes républiques soviétiques désormais membres de l’UE et de l’Otan, la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie avaient ce projet depuis des années, mais l’ont accéléré après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Today we connect the Baltic states to the continental European electricity grid.
We’re cutting the last remaining links with Russia.
Freedom from threats and blackmail, at last.
This is a historic day ↓ https://t.co/t67PwrgbPn
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) February 9, 2025
Partisans de Kiev dans ce conflit, Riga, Tallinn et Vilnius redoutaient de faire l’objet de chantages de Moscou via l’approvisionnement en électricité.
« Il s’agit d’un moment historique qui marque la fin d’un long voyage (…). Nous sommes parvenus à une indépendance énergétique totale », s’est réjoui Gitanas Nauseda, aux côtés de ses homologues estonien, letton, polonais et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

« Les lignes électriques avec la Russie et la Biélorussie sont en train d’être démantelées. Ces chaînes de lignes électriques vous reliant à des voisins hostiles seront une chose du passé », a-t-elle ajouté.
Des incidents à répétition en mer Baltique
Au total, 1,6 milliard d’euros, essentiellement des fonds européens, ont été investis dans le projet. Les trois pays se sont intégrés au réseau de l’UE via la Pologne.
C’est « un développement marquant… pour l’ensemble de l’Union européenne », a jugé le président polonais Andrzej Duda, « l’étape finale vers l’émancipation de la sphère de dépendance post-soviétique ».
Dans l’avenir, M. Nauseda a appelé à une « action substantielle » de l’UE pour améliorer les infrastructures des États baltes.
« Il est temps de sécuriser nos acquis. La guerre de la Russie contre l’Ukraine a radicalement transformé la perception des menaces qui pèsent sur les infrastructures critiques en Europe », a-t-il dit.

Certains experts et des dirigeants politiques ont accusé la Russie de mener ainsi une « guerre hybride », ce que Moscou a démenti.
Un flux d’électricité désormais stable
Le projet de déconnexion du réseau russe a pris des années du fait de problèmes technologiques et financiers et du besoin de diversifier l’approvisionnement via notamment des câbles sous-marins.
Les États baltes ont cessé depuis 2022 d’acheter du gaz et de l’électricité à la Russie mais leurs réseaux sont restés connectés à la Russie et à la Biélorussie, si bien que la régulation de la fréquence était contrôlée par Moscou.
Aussi dépendaient-ils toujours de la Russie pour un flux d’électricité stable, crucial pour les appareils nécessitant une alimentation électrique fiable, notamment dans l’industrie.

« La plus grande surprise » samedi est « qu’il n’y a pas de surprise », a ainsi déclaré à l’AFP l’opérateur letton AST.
Le ministre ukrainien de l’Énergie, German Galushchenko, a salué samedi cette déconnexion comme un « événement important pour toute l’Europe ».
« De telles mesures privent l’agresseur de la possibilité d’utiliser le secteur de l’électricité à des fins de chantage et de jeux politiques », s’est-il réjoui.
AFP