Sénégal : cérémonie à Cayar en hommage aux migrants disparus en mer

Se battre pour ne pas oublier les nombreux Africains et Africaines morts en tentant de rejoindre l’Europe par l’océan. C’est l’objectif de l’association sénégalaise Boza Fii qui milite aussi pour la libre circulation pour tous. À Cayar (à environ 60 km de Dakar), lieu de départ de nombreux candidats à l’immigration clandestine, les militants ont organisé, samedi 8 février, une commémoration.

Des prises de parole, des projections et une veillée ont eu lieu.

Un nom pour chacun… migrer pour vivre, pas pour mourir… peut-on lire sur des bannières de l’association sénégalaise Boza Fii. Samedi 8 février, une commémoration en hommage aux migrants disparus en mer a été organisée par l’organisation à Cayar, ville à environ 60 km de Dakar, connue pour être un lieu de départ des canots vers les Canaries espagnoles.

Assis sur des chaises en plastique, plusieurs dizaines de curieux suivent avec attention des prises de parole sur la migration.

Des personnes qui ont perdu des proches en mer sont venues à cette commémoration.

Le fils d’Aminata Mboye a disparu en 2020 : « Mon garçon avait 19 ans. Il avait toute sa vie devant lui. J’avais des rêves pour lui, et un beau jour il est parti, comme ça. Je n’en savais rien. C’est dur. »

Ils sont nombreux dans le public à avoir tenté de rejoindre l’Europe par l’océan ou le désert, comme Saïd, 45 ans : « Dans la pirogue, tu vois de tout. Tu vois des gens qui ne peuvent même pas se tenir. Tu vois des gens qui ne peuvent même pas manger.

Tu dois aider ces gens, sinon ils vont mourir avant qu’on atteigne les Canaries.

Le matin, quand on a atteint les îles espagnoles, mon propre frère est décédé dans la pirogue. On ne sait pas ce qui l’a tué ». Depuis, malgré le traumatisme, il a retenté de rejoindre l’Europe à trois reprises.

Boza Fii et ses militants demandent la liberté de circuler et dénoncent des difficultés pour obtenir les visas qui poussent les jeunes vers les pirogues.

Mbaye est aussi un migrant de retour : « Parfois, ils te livrent un dossier, mais on ne te rembourse pas ton argent et ça, ce n’est pas normal. Si on veut aller en Europe, on nous demande un visa…

C’est donc la souffrance, quoi… ».

Plus de 10 000 migrants sont morts en essayant de rejoindre l’Espagne, en 2024, selon l’ONG Caminando Fronteras.

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