Après avoir renforcé sa position dans le secteur pétrolier avec le rachat de la société Assala Energy et investi dans la compagnie aérienne Fly Gabon, le gouvernement gabonais a décidé de reprendre le contrôle d’un secteur stratégique pour l’économie du pays : la foresterie. Cette initiative a pris la forme d’un rachat de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG), une entreprise qui avait été vendue à GSEZ, filiale du groupe singapourien Olam, au prix symbolique de 1 million de FCFA sous le régime d’Ali Bongo.
Le rachat de la SNBG par l’État gabonais est un acte fort, qui vise à restaurer la souveraineté nationale sur ce secteur vital. En effet, la forêt est le deuxième employeur du pays, après la fonction publique, et joue un rôle central dans l’économie gabonaise. La reprise de cette entreprise intervient après une enquête parlementaire qui a révélé des irrégularités dans le processus de privatisation de la SNBG.
Une privatisation controversée et des irrégularités révélées
Le rapport de l’enquête parlementaire a mis en lumière les conditions douteuses de la vente de la SNBG, qui aurait été cédée pour une somme dérisoire. « Le processus de privatisation n’a pas respecté le cadre légal et réglementaire établi », a déclaré Ali Eyeghe, député et responsable de l’enquête. Les parlementaires ont également noté que les droits des employés n’avaient pas été intégralement honorés, et ont recommandé la dénonciation de l’accord de cession, insistant sur la nécessité de ramener l’État gabonais dans la filière bois.
Pour les députés, l’absence de l’État dans ce secteur crucial était inacceptable.
« Compte tenu de l’importance stratégique de la filière bois dans l’économie gabonaise, il était anormal que l’État en soit absent. Nous sommes heureux de constater que nos recommandations ont été suivies », a ajouté Ali Eyeghe.
Le rachat de la SNBG et les arguments de GSEZ
De son côté, Igor Simard, administrateur délégué de GSEZ, a défendu le rachat de la SNBG par son groupe en soulignant qu’il avait permis de sauver l’entreprise de la faillite. « Lorsque GSEZ a racheté la SNBG, l’entreprise était en faillite avec des capitaux propres totalement détériorés. La dette totale s’élevait à plus de 30 milliards de FCFA, et la valeur comptable de la société était négative. Nous avons donc restructuré l’entreprise et assaini plus de 25 milliards de FCFA de dettes », a expliqué Simard. Il a ajouté qu’après 16 années déficitaires, la SNBG avait retrouvé la stabilité en 2024.
L’objectif : une exploitation durable des ressources forestières
La reprise de la SNBG par l’État gabonais ne vise pas à augmenter l’exploitation du bois, mais à mieux encadrer la gestion des ressources forestières du pays et promouvoir une exploitation plus durable. Maurice Ntossui, ministre des Eaux et Forêts, a précisé que l’objectif était de « restaurer la souveraineté économique de l’État gabonais » tout en conciliant la préservation des ressources naturelles et les bénéfices économiques issus de cette gestion durable. Le Gabon affiche un taux de déforestation annuel de seulement 0,5 %, ce qui est relativement faible, mais le pays cherche à maintenir cet équilibre fragile.
L’exploitation forestière contribue à hauteur de 4 % au Produit intérieur brut (PIB) du Gabon, et la majorité du bois produit est exportée vers l’Asie, avec un marché européen également très exigeant en matière de traçabilité et de certification forestière. Dans ce contexte, l’État gabonais souhaite assurer que la gestion de la filière bois soit conforme aux standards internationaux tout en garantissant une meilleure redistribution des revenus tirés de cette ressource essentielle.
Une reprise stratégique pour l’avenir de la forêt gabonaise
Le rachat de la SNBG par l’État gabonais marque une étape importante dans la réaffirmation de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles du pays. Cette décision est également un signe de la volonté des autorités de renforcer la gestion durable des forêts et de garantir une exploitation qui bénéficie à long terme à la population gabonaise. Le Gabon cherche ainsi à se positionner comme un modèle en matière de gestion responsable des ressources forestières, tout en soutenant l’emploi et la croissance économique à travers cette filière clé.
VivAfrik