Madagascar lance le programme Riz Hybride en collaboration avec la Chine pour relancer l’autosuffisance rizicole

Madagascar a officiellement lancé, la semaine dernière, le programme « Riz Hybride », un projet ambitieux visant à transformer le secteur agricole de l’île. Ce programme a été inauguré par le président de la République et implique l’introduction de semences hybrides en provenance de Chine, accompagnées d’engrais chimiques.

Ces semences ont été distribuées gratuitement à 1 400 agriculteurs, dans le but de booster la production rizicole et d’atteindre l’autosuffisance en riz d’ici à 2025, un objectif perdu depuis 1975.

Un projet pour revitaliser la production rizicole

Le gouvernement malgache considère ce riz hybride comme une solution clé pour surmonter la crise rizicole qui touche le pays. Le projet vise à augmenter le rendement de la production rizicole et à obtenir un supplément de 1 million de tonnes de paddy d’ici la fin de l’année, en plus des 4 millions de tonnes déjà produites.

La secrétaire d’État chargée de la souveraineté alimentaire, Tahiana Razanamahefa, a exprimé son optimisme en déclarant que cette initiative permettra à Madagascar de devenir autosuffisant en riz en 2025 et d’exporter vers les pays de l’océan Indien et certains pays africains francophones dès 2027.

Les semences hybrides, couplées aux engrais nécessaires, devraient tripler les rendements habituels, permettant ainsi d’économiser plus de 100 millions de dollars, qui étaient précédemment utilisés pour importer du riz.

Des réserves et réticences chez les agriculteurs

Cependant, tous les agriculteurs ne sont pas convaincus de la viabilité de cette solution. Hortensia, une rizicultrice de la région du Menabe, cultive le riz « Madame Rose » et se montre sceptique quant à l’utilisation des semences hybrides. Elle souligne que ce type de riz nécessite une grande quantité d’engrais et ne permet pas de conserver des semences d’une année sur l’autre, imposant l’achat de nouvelles semences chaque saison.

Elle envisage d’essayer le riz hybride, mais seulement une fois qu’elle aura installé un système d’irrigation et mis en place des solutions pour préserver la qualité de ses sols.

Le gouvernement reconnaît ces réticences et promet de renforcer la sensibilisation des agriculteurs, tout en garantissant que la production locale de semences hybrides débutera dans la région du Menabe avant le 15 février, afin de garantir une gestion autonome des semences à l’avenir.

Des préoccupations soulevées par les experts

L’initiative soulève également des questions parmi les experts agricoles, à commencer par Ny Hasinambinintsoa Masezamana, le secrétaire exécutif de la plateforme de concertation pour le riz à Madagascar. Il alerte sur les risques d’une dépendance accrue vis-à-vis des semences étrangères si la production locale de riz hybride n’est pas développée.

Il mentionne également les défis logistiques auxquels pourraient faire face les agriculteurs, notamment dans les régions enclavées, où l’acheminement du riz vers les zones de consommation pourrait poser problème, entraînant un appauvrissement des producteurs.

De plus, Masezamana souligne que pour que l’hybride soit véritablement bénéfique à long terme, des conditions spécifiques doivent être remplies, comme l’accès à une irrigation suffisante et une gestion appropriée des intrants. Il reste donc prudent sur les perspectives de succès du programme, tout en appelant à une réflexion approfondie sur les bénéfices réels de la coopération avec la Chine.

Des espoirs mêlés à des incertitudes

Le programme « Riz Hybride » représente une initiative audacieuse pour relancer l’autosuffisance en riz de Madagascar, mais il reste encore beaucoup d’incertitudes concernant sa mise en œuvre, notamment en ce qui concerne les aspects logistiques et environnementaux. Les autorités malgaches devront démontrer que ce programme peut répondre aux défis pratiques et techniques pour que ce projet ambitieux devienne une réalité durable pour les riziculteurs malgaches.

FICOU

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