Agriculture en France : L’intensification de l’élevage, une fausse solution pour la souveraineté alimentaire, selon le Réseau Action Climat

L’intensification de l’élevage en France, notamment dans le secteur bovin, suscite de vives préoccupations au sein des organisations environnementales. Le Réseau Action Climat, un collectif regroupant une quarantaine d’associations luttant contre le changement climatique, alerte sur les risques potentiels de cette stratégie.

Selon un rapport publié ce mercredi 19 février 2025, l’augmentation des cheptels, loin de renforcer la souveraineté alimentaire de la France, pourrait au contraire l’affaiblir, en raison de la dépendance accrue aux importations de soja et d’engrais utilisés pour l’alimentation animale.

L’intensification de l’élevage et ses impacts sur la souveraineté alimentaire

Le Réseau Action Climat rappelle que la souveraineté alimentaire est devenue un objectif central des politiques agricoles françaises, particulièrement dans un contexte international marqué par l’incertitude. Cependant, l’intensification de l’élevage proposée par les autorités et les filières pour réduire les importations de viande semble, selon le rapport, contre-productive.

Dans le cadre de la politique actuelle, l’idée est de produire plus de viande à des coûts plus bas en augmentant le nombre de bêtes et la taille des troupeaux. Pourtant, l’analyse du réseau met en lumière les limites de cette approche, particulièrement en matière de dépendance aux importations.

Une dépendance accrue aux importations de soja et d’engrais

Bien que la France soit autosuffisante en termes de céréales et de fourrages pour l’alimentation animale, elle reste largement déficitaire en protéines, cruciales pour nourrir ses cheptels.

En effet, le soja, composant principal des rations animales, est en grande majorité importé.

95% du soja utilisé pour l’alimentation des élevages français provient principalement d’Amérique latine. De plus, les engrais nécessaires à la culture des céréales utilisées pour nourrir les animaux sont souvent importés, en particulier de pays comme la Russie, la Biélorussie, l’Égypte, et l’Algérie.

Concurrence avec d’autres productions agricoles et risque environnemental

Le rapport met également en évidence que 44% des terres agricoles en France sont déjà dédiées à la production de nourriture pour les élevages. Si l’on augmente ces surfaces pour soutenir l’intensification de l’élevage, cela pourrait engendrer une concurrence accrue avec d’autres cultures stratégiques pour la France, telles que les légumes, les fruits, ou encore les céréales pour l’alimentation humaine.

Le Réseau Action Climat estime que cette stratégie risque de compromettre à la fois la souveraineté alimentaire et l’équilibre écologique du pays, notamment en accentuant les pressions environnementales déjà élevées dans le secteur agricole.

Des alternatives : élevage durable et changement de consommation

Plutôt que de se tourner vers l’intensification de l’élevage, le Réseau Action Climat propose deux leviers pour améliorer la souveraineté alimentaire sans nuire à l’environnement. D’une part, il appelle à soutenir le développement d’élevages durables, et notamment biologiques, qui seraient plus autonomes dans leur approvisionnement en nourriture pour les animaux. D’autre part, un changement dans les modes de consommation de viande est également nécessaire pour réduire la pression sur les ressources agricoles.

L’association prône des politiques publiques ambitieuses, favorisant une réduction de la consommation de viande, tout en encourageant la consommation de viande de qualité, produite localement en France.

Une fausse route pour la souveraineté alimentaire

En conclusion, le Réseau Action Climat considère que l’augmentation de l’élevage intensif en France au nom de la souveraineté alimentaire constitue une erreur stratégique. Selon le réseau, cette voie est une « fausse route » qui pourrait avoir des conséquences néfastes tant sur le plan environnemental qu’économique. Il est essentiel de revoir cette approche en privilégiant des solutions plus durables, tant au niveau de l’élevage que de la consommation alimentaire.

VivAfrik

You may like