Disparition de Souleymane Cissé : Ecran noir sur le cinéma africain

Le célèbre réalisateur malien Souleymane Cissé, l’un des pères du cinéma sur le continent africain, s’est éteint mercredi 19 février à Bamako, a annoncé sa fille à l’Agence France presse. Il était âgé de 84 ans.

C’est une grande figure du cinéma en Afrique qui s’en est allée. «Papa est décédé aujourd’hui à Bamako. Nous sommes sous le choc. Toute sa vie, il l’a consacrée à son pays, au cinéma et à l’art», a déclaré sa fille Mariam Cissé.

Le réalisateur Souleymane Cissé avait reçu le Prix du jury à Cannes en 1987 pour son film Yeelen (La lumière), qui raconte le long parcours initiatique d’un jeune homme issu d’une illustre famille bambara. Souleymane Cissé, décédé dans une clinique de Bamako, aurait dû présider le jury «Fiction long métrage» lors de la 29e édition du Fespaco qui doit se tenir à partir du 22 février à Ouaga­dougou, la capitale du Burkina Faso.

Ce mercredi matin, lors d’une conférence de presse à Bamako, il avait exprimé toute sa reconnaissance pour le choix porté sur sa personne.

Souleymane Cissé est né dans une famille musulmane modeste. Passionné de cinéma dès son enfance, il fréquente régulièrement les salles de cinéma comme spectateur, en compagnie de ses grands frères et de leurs amis.

Après des études secondaires à Dakar, il revient dans son pays en 1960, lors de l’éclatement de la Fédération du Mali et de l’indépendance de son pays.

Il obtient une bourse pour suivre un stage de projectionniste, puis des études de cinéma à l’Institut des hautes études supérieures de la cinématographie de Moscou.

Il en sort diplômé en 1969. En 1970, rentré au Mali, il est employé comme cameraman-reporter au Service cinématographique du ministère de l’Information, ce qui lui offre l’occasion de parcourir le Mali de long en large, caméra à l’épaule, pendant trois ans, et de réaliser plusieurs documentaires.

Son pre­mier long mé­trage, Den Muso, réalisé en 1975, lui avait valu un séjour en prison.

Une épreuve qui n’empêcha pas le cinéaste de poursuivre sa carrière avec deux autres films, Baara en 1978 et Finyè en 1982, qui lui permirent de remporter à deux reprises l’Etalon de Yennenga, le grand prix du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fes­paco).

En 2023, il avait été primé à nouveau à Cannes avec le Carrosse d’Or, une récompense spéciale décernée à la Quin­zaine des cinéastes, en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle au cinéma mondial. Dans un discours émouvant, Souley­mane Cissé avait déclaré : «Le cinéma aura été ma vie. Pour cela, je remercie le cinéma.»

Rfi

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