Allergies au pollen en ville : quelles solutions pour les éviter ?

À chaque printemps, c’est le même spectacle : les arbres fruitiers se couvrent de fleurs, les bourgeons éclosent… Mais sous ce tableau bucolique se cache une véritable « pollution » verte.

Les pollens de cyprès, bouleaux, graminées et oliviers figurent en bonne place sur la liste des polluants à surveiller dans les plans régionaux pour la qualité de l’air. En effet, leur potentiel allergisant est très élevé et leur concentration dans l’air ne cesse de progresser. 10 à 20 % de la population souffrent de pollinose, l’allergie au pollen. Une observation corroborée par les ventes d’antihistaminiques qui progressent de 5 à 10 % chaque année depuis plus de vingt ans.

Or, cette pollution au pollen n’a, pour une bonne part, rien de naturel, elle est due à la conception des espaces verts et jardins qui est un élément central de la problématique de l’allergie pollinique en ville, que confirme le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), organisme qui dispose de 70 sites de mesure de la densité pollinique en France.

Plus de personnes allergiques aux cyprès qu’aux poils de chat
L’exemple des arbres de la famille des cyprès, dont les thuyas font partie, est éloquent. Encore considérées comme rares en 1970, les allergies aux cyprès ont littéralement explosé dans le sud de la France, où l’on dénombre désormais plus de personnes allergiques à ces pollens qu’aux poils de chat ou aux acariens. En cause, le développement de l’urbanisation pavillonnaire et la multiplication des lotissements, qui ont massivement utilisé ces végétaux pour constituer des haies de clôtures.

Il est vrai que ceux-ci présentent de nombreux atouts : ils poussent vite, se taillent et, surtout, ils sont bon marché. En toute logique, la concentration en pollen de cyprès dans l’atmosphère des villes méridionales n’a donc pas cessé de croître. Au nord de la Loire, c’est le bouleau qui est incriminé. Son index pollinique a doublé en dix ans à Amiens (données RNSA). Cet arbre est présent en forêt, mais il a beaucoup été planté en ville dans les espaces verts.

Les graminées ornementales connaissent également un grand succès.

Elles apportent une note champêtre aux parterres citadins. Mais, les plus allergisantes des graminées sont celles des pelouses et prairies. Seule une tonte régulière limite la dispersion des pollens.

Gare à l’ambroisie, une espèce allergisante !
Autre polluant naturel majeur : le pollen d’ambroisie à feuilles d’armoise. Cette espèce allergisante et invasive, originaire d’Amérique du Nord, n’est pas plantée volontairement mais disséminée par l’homme lors des travaux agricoles et publics.

Aujourd’hui, elle est majoritairement présente dans la vallée du Rhône, mais son aire de répartition augmente d’année en année.

En moyenne, 10 % de la population est allergique à l’ambroisie dans les zones infestées, mais ce pourcentage peut atteindre plus de 25 %. Et le nombre de personnes allergiques pourrait encore croître avec l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère, jusqu’à 10 millions en 2041- 2060, selon l’ARS Auverne-Rhône-Alpes. L’allergie au pollen est pointée comme un enjeu de santé publique par les autorités sanitaires depuis une quinzaine d’années.

Comment enrayer cette pollution ?

En impliquant davantage les différents acteurs. L’État, d’abord. La lutte contre l’ambroisie nécessite des mesures d’arrachage systématique. Des collectivités locales investissent des dizaines de milliers d’euros par an pour en venir à bout. Le coût sanitaire de cette allergie en Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, est estimé à 26,4 millions d’euros par an pour 690 000 personnes touchées : consultations, médicaments, arrêts de travail, désensibilisation, etc., indique l’Observatoire régional de la santé en 2020.

Diversifier les plantations : une stratégie payante
Les professionnels du paysage ont un rôle déterminant à jouer, en changeant leurs pratiques. Il n’est évidemment pas question de couper tous les arbres allergisants ni de bétonner les pelouses, mais plutôt de changer la gestion des espaces verts afin que la composante santé devienne un critère dans le choix des végétaux et leur entretien. Pour cela, la RNSA met à disposition sur son site, un guide d’information de la végétation en ville (téléchargeable via https:// www.vegetation-en-ville.org/) qui permet de répondre à la demande des personnes sensibles quant aux espaces verts urbains non allergisants.

La monoculture a aussi ses adeptes dans le sud de la France.

Après les cyprès, ce sont des myriades d’oliviers, dont le pollen est aussi allergisant, qui sont apparus, notamment sur les ronds-points. Heureusement, de plus en plus de villes ont compris l’intérêt de diversifier leurs plantations. Une stratégie qui comporte au moins trois avantages : réduire le risque d’allergie, attirer une faune plus variée et éviter une banalisation du paysage.

çaminteresse

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