Grèce : 350 migrants débarquent à Gavdos, record d’arrivées en une journée sur cette petite île grecque

Environ 350 personnes, tous des jeunes hommes, ont débarqué jeudi sur les côtes de la petite île grecque de Gavdos, située en dessous de la Crète. C’est la première fois qu’autant de migrants débarquent au même moment sur ce petit territoire. Depuis un an, Gavdos et la Crète sont devenus des lieux d’arrivées privilégiés pour des personnes parties de l’est de la Libye, et désireuses de rejoindre le sol européen.

L’île grecque de Gavdos a connu jeudi 27 février une intense journée de débarquements : en 24 heures, environ 350 migrants, tous des jeunes hommes, sont arrivés sur ce petit territoire à bord de sept bateaux. Il s’agit du plus important nombre d’arrivées en une seule journée à Gavdos.

Dans le détail, aux premières heures de la matinée, trois canots transportant 181 exilés (47 personnes dans le premier bateau, 64 dans le deuxième et 70 dans le troisième) ont été repérés à 20 milles nautiques (37 km) au sud de Gavdos par les autorités.

Les gardes-côtes helléniques ont porté secours aux naufragés et les ont ramenés sur l’île.

Pour rejoindre Gavdos, les migrants prennent la mer depuis Tobrouk, à l'est de la Libye. Crédit : Google Maps

Puis en début d’après-midi, 55 personnes sont parvenues à atteindre par leurs propres moyens le port de Karave, au nord-ouest de Gavdos.

Quelques heures plus tard, deux groupes de 38 et 44 migrants, ont aussi débarqué de manière autonome sur la plage de Tripiti, au sud de l’île. Puis, 31 hommes sont arrivés sur la même plage.

Tous les exilés ont ensuite été transférés en Crète, la petite île de Gavdos ne disposant pas d’installations suffisantes pour prendre en charge les migrants.

Plus de 3 000 arrivées à Gavdos l’an dernier
Depuis un an, l’île de Gavdos, d’une superficie de 30 km2 et ne comptant que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis de Tobrouk, en Libye, à 300 km de là. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent.

En 2024, 3 319 personnes sont arrivées à Gavdos, selon les chiffres de l’ONG Refugee support Aegean (RSA).

La majorité des personnes sont originaires d’Égypte, de Syrie et du Soudan. Et 1 842 débarquements ont été enregistrés en Crète. Ainsi au total, on compte 5 161 arrivées l’an dernier sur ces deux îles. Soit six fois plus qu’en 2023, où 815 migrants avaient débarqué en Crète et à Gavdos sur l’ensemble de l’année.

Le détail des arrivées en Crète et à Gavdos en 2024. Crédit : RSA

Résultat : la petite île de Gavdos s’est vite retrouvée débordée. Ce minuscule territoire ne compte qu’une école, une boulangerie et deux supérettes. Aucune structure d’accueil pour les migrants n’y existe. « C’est un gros fardeau pour nous. Nous sommes une petite île, nous n’avons ni provisions ni magasins. La nourriture est un gros problème. Nos finances sont limitées », avait alerté en mars 2024 la maire de l’île, citée par Reuters.

« Cette absence de centre pose évidemment de grands défis pour l’île », avait également déclaré à InfoMigrants au même moment Stella Nanou, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) en Grèce.

Manque de places d’accueil en Crète
Pour éviter une surpopulation sur cette petite île, les exilés qui arrivent à Gavdos sont presque immédiatement – si le temps le permet – transférés en Crète voisine pour quelques jours. Mais l’île manque également de structures d’hébergement suffisantes pour prendre en charge ce nouvel afflux.

Au printemps et à l’été 2024, des migrants ont été contraints de dormir dans un parking en plein air appartenant à l’autorité portuaire de la Canée, faute de places dans le maigre réseau d’accueil de la Crète – avant d’être transférés vers le continent.

Les autres ont été pris en charge au parc d’exposition d’Agia, près de la Canée.

Fin 2024, l’association le Centre social de la Canée a dénoncé les « conditions inhumaines » qui existent dans ce lieu. Les militants affirment que les nouveaux arrivants sont obligés de dormir à même le sol sur des nattes, que les couvertures ne sont pas distribuées en quantité suffisante et que les exilés n’ont pas accès à des douches.

Mi-février, dans un nouveau communiqué, l’association a regretté que la structure ne dispose pas de chauffage, ne possède que cinq toilettes et d’un seul robinet ; mais aussi qu’aucune distribution de vêtements ne soit organisée.

Les autorités locales assurent avoir demandé de l’aide au gouvernement à l’été 2024 pour faire face à cette situation mais leur réclamation est restée sans réponse, signale RSA dans son rapport.

Cette nouvelle route migratoire de l’Est de la Libye, moins contrôlée qu’à l’ouest, inquiète particulièrement les autorités et les humanitaires.

Pour rejoindre Gavdos et la Crète, les migrants sont souvent entassés dans des vieux bateaux de pêche ou de petits canots et doivent parcourir 300 km en haute mer.

Le 14 décembre, au moins huit personnes – cinq premiers corps avaient d’abord été retrouvés, puis trois autres les jours suivants – ont péri dans le naufrage de leur embarcation au large de la Crète et une quarantaine d’autres sont portées disparues.

infomigrants

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