Le Nouveau leadership de l’Assemblée de l’UA : Une opportunité pour la conservation des forêts du bassin du Congo ?

Le 38ème Sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu à Addis-Abeba en Éthiopie le 16 février 2025, a marqué un tournant historique pour le continent africain dans sa quête de justice, d’unité et d’autonomie. Sous le thème : « La justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations », l’Assemblée a abordé plusieurs questions cruciales, notamment les injustices historiques, l’autonomie financière et les défis sécuritaires en cours.

Un moment clé de ce sommet a été l’élection de Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti, au poste de président de la Commission de l’Union africaine (CUA).

Pour la première fois, l’UA a mis au premier plan la question des réparations pour l’esclavage et le colonialisme, une démarche qui s’inscrit dans un mouvement mondial grandissant visant à reconnaître les impacts durables des injustices historiques sur les sociétés africaines. Un des secteurs les plus affectés par ces injustices est l’exploitation des ressources naturelles du continent, notamment les forêts, le pétrole et les minerais, souvent exploitées au profit des pays du Nord, au détriment des populations locales.

Le Bassin du Congo, qui s’étend sur plus de 500 millions d’acres à travers six pays, constitue un élément clé du patrimoine naturel de l’Afrique.

Ce bassin abrite une part significative de la biodiversité terrestre de l’Afrique et assure la subsistance de plus de 75 millions de personnes, y compris les peuples autochtones et les communautés locales. En outre, il joue un rôle essentiel en tant que puits de carbone, contribuant à la lutte mondiale contre la crise climatique. Dans ce contexte, de nombreux observateurs se demandent si le nouveau leadership de l’UA pourra réellement créer des opportunités concrètes pour protéger ces forêts vitales.

Reconnaissance des droits des peuples autochtones et des communautés locales : un besoin urgent

Les peuples autochtones et les communautés locales sont les véritables gardiens du Bassin du Congo. Leur savoir ancestral et leur compréhension profonde des écosystèmes forestiers leur permettent de coexister harmonieusement avec la nature tout en gérant durablement les ressources forestières.

Cependant, ces communautés sont souvent exclues des discussions et des décisions relatives à la gestion des forêts et à la financiarisation des projets de conservation. Il est donc impératif que l’UA reconnaisse officiellement leurs droits et leur inclusion dans les processus décisionnels concernant les forêts du Bassin du Congo.

Les menaces croissantes sur ces forêts – notamment la déforestation, l’exploitation forestière illégale, le développement d’infrastructures, les activités minières et l’expansion agricole – rendent cette reconnaissance d’autant plus urgente. Non seulement cela relève de la justice, mais c’est aussi une nécessité stratégique pour garantir la protection durable de la forêt à long terme. L’inclusion des peuples autochtones et des communautés locales dans les politiques de gestion forestière est essentielle pour préserver cet écosystème vital.

Un financement direct pour les vrais protecteurs des forêts : un pas vers l’autonomie financière

Un autre point crucial du sommet a été l’approbation du Mécanisme africain de stabilité financière (AFSM), un fonds continental visant à prévenir les crises de la dette et à réduire la dépendance aux donateurs externes. Ce fonds, géré par la Banque africaine de développement, offre des prêts concessionnels aux pays membres pour favoriser la stabilité économique et l’autonomie financière.

Cependant, pour que ce mécanisme ait un réel impact sur la protection des forêts, il est essentiel d’inclure les communautés locales et les peuples autochtones (IPLC) dans la gestion de ce fonds.

Ces communautés, qui sont souvent confrontées à des obstacles bureaucratiques ou à un manque de reconnaissance par les institutions financières, doivent avoir un accès direct à ces financements. Cela leur permettrait de mener des projets de conservation, de restaurer les écosystèmes, et d’améliorer leurs moyens de subsistance de manière durable. L’implication des acteurs locaux dans le financement de la conservation est donc cruciale pour une gestion durable des ressources naturelles.

Coexistence avec la nature : une valeur fondamentale à intégrer dans les politiques de développement

L’une des grandes forces du continent africain réside dans sa capacité à coexister harmonieusement avec la nature. Cette approche fondée sur le respect des écosystèmes naturels doit être intégrée dans toutes les politiques de développement en Afrique. La protection des forêts doit devenir une priorité, car sans elles, les projets de développement risquent d’être inefficaces face aux défis environnementaux croissants.

Dans de nombreux pays africains, les catastrophes écologiques telles que les vagues de chaleur extrême ou les inondations fréquentes sont désormais des réalités. Ces phénomènes sont exacerbés par la déforestation et les perturbations écologiques, mais aussi par une gestion inefficace des ressources naturelles. Garantir un accès direct aux financements pour les communautés locales est donc essentiel pour prévenir de telles catastrophes et assurer la résilience écologique du continent.

Un appel à l’action pour une gouvernance forestière durable

Le nouveau leadership de l’UA a l’opportunité de transformer les forêts du Bassin du Congo en un véritable levier de développement durable pour l’Afrique. Cependant, pour que cela devienne une réalité, il est impératif que les droits des peuples autochtones soient reconnus, que les financements de conservation soient accessibles directement aux communautés locales, et que la coexistence avec la nature devienne une valeur centrale des politiques de développement africaines.

VivAfrik

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