La suspension du partage des renseignements américains à l’armée ukrainienne pourrait inciter les alliés européens à développer rapidement un réseau de coopération européen du renseignement
Alors que les États-Unis ont annoncé la semaine dernière suspendre le partage de leurs renseignements militaires et de leurs données satellite avec l’armée ukrainienne, les Européens tentent de s’organiser pour pallier cette décision. Concrètement, Kiev ne bénéficie plus d’aucune information indispensable pour contrer les attaques russes.
L’Ukraine a affirmé dimanche que la Russie avait lancé plus d’une centaine de drones au cours de la nuit de samedi à dimanche, ciblant Kiev et de nombreuses régions. Or, les missiles sol-sol ukrainiens étaient dépendants à 100 % des données américaines. Sans ces informations, impossible de planifier des frappes à deux ou trois mètres près, y compris sur des cibles mobiles.
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Cette somme « permettra de livrer des obus de 155 mm ainsi que des bombes planantes AASM qui arment les Mirage 2000 ukrainiens », a expliqué le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu
Les alliés continuent à partager leurs renseignements
Même si l’annonce américaine a été présentée comme « provisoire », les membres de l’OTAN s’activent pour soutenir Kiev et considèrent qu’il ne leur est pas interdit de partager certains renseignements américains avec l’Ukraine, même si ce partage pourrait être très limité. Le journal britannique « Daily Mail » a cependant précisé que les États-Unis avaient ordonné au Royaume-Uni de cesser de diffuser des renseignements américains précédemment autorisés à être partagés avec l’Ukraine.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a déclaré jeudi que les services de renseignement français étaient « souverains » et que le pays continuerait à partager des renseignements avec l’Ukraine.
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Un réseau de coopération « Euro eyes »
En Allemagne, la commission du Renseignement du Bundestag (équivalent de l’Assemblée nationale en France) appelle à développer un réseau européen du Renseignement.
Son responsable a déclaré à « Politico » que « nous avons besoin d’un format européen de coopération en matière de renseignement – appelez-le ‘Euro Eyes’ – pour garantir que les États forts puissent échanger des informations rapidement et en toute sécurité sur des bases juridiques claires ».
En octobre dernier, un rapport de la Commission européenne estimait nécessaire la création d’un « service de coopération en matière de renseignement à part entière » au niveau de l’Union européenne pour lutter contre l’espionnage et les ingérences étrangères. L’évolution de la situation en Ukraine et le revirement de la position américaine pourraient inciter les alliés européens à accélérer ce projet.
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