« Les médecins ne peuvent pas tout absorber » : ce que les infirmiers pourraient bientôt être autorisés à faire
L’Assemblée nationale examine ce lundi 10 mars une proposition de loi visant à rénover le métier d’infirmière et d’infirmier.
L’objectif est notamment de les autoriser à prescrire certains médicaments ou examens.
Une façon de désengorger les cabinets médicaux, comme le montre ce reportage du JT de TF1.
ÀCaen (Calvados), Jean-François Baudouin, infirmier libéral, aura-t-il bientôt le droit de prescrire à ses patients certains antiseptiques ? Une proposition de loi en ce sens est examinée ce lundi 10 mars en première lecture à l’Assemblée nationale. Attendue depuis près de deux ans par la profession, elle vise à faire évoluer leurs missions.
Car pour le moment, Jean-François ne peut proposer que des compresses ou des pansements.
« Nous n’avons pas le droit de prescription sur le sérum physiologique, ainsi que d’autres antiseptiques, telles que la Biseptine ou la Bétadine. C’est quand même une aberration du système », lâche-t-il dans le reportage du JT de TF1 visible ci-dessus. Aujourd’hui, un infirmier peut seulement délivrer une ordonnance pour un vaccin.
En zone rurale, là où l’accès aux structures hospitalières est souvent un petit peu plus compliqué, les médecins ne peuvent pas tout absorber.
Christopher Drouin, infirmier libéral à Creully-sur-Seulles
Ce texte doit « améliorer la reconnaissance des 640.000 professionnel(les) en activité », qui « dans notre système de soins régi par le monopole médical, se sentent souvent un peu oubliés, empêchés d’exercer pleinement leurs compétences », avait expliqué mercredi 5 mars la rapporteure EPR Nicole Dubré-Chirat devant la Commission des Affaires sociales. La profession est depuis longtemps régie par un décret « rigide », qui « énumère de façon limitative » les actes autorisés, et se trouve « peu en phase aujourd’hui » avec la réalité du métier, avait-elle poursuivi.
« Il faut que ces professions soient valorisées », approuve l’un des patients de Jean-François, notamment avec « tous les efforts et toutes les difficultés de leur profession, avec les déplacements à domicile, les difficultés pour se garer », ajoute-t-il. Une reconnaissance pour ce métier, particulièrement en milieu rural. Christopher Drouin, infirmier libéral à Creully-sur-Seulles (Calvados), parcourt ainsi jusqu’à 160 km par jour. « En zone rurale, là où l’accès aux structures hospitalières est souvent un petit peu plus compliqué, les médecins ne peuvent pas tout absorber. On est sur le front 7 jours sur 7, on est tout le temps là, quoi », souligne-t-il.
Un métier encore précaire
Rédigée avec l’ex-ministre de la Santé Frédéric Valletoux (Horizons) et amendée en commission, la proposition de loi liste des « missions socles » : la réalisation de soins infirmiers « curatifs, palliatifs, relationnels et destinés à la surveillance clinique », le suivi du parcours de santé des patients et leur « orientation », « la prévention », incluant dépistage et éducation thérapeutique, « la participation à la formation » des pairs et la recherche. Plus d’autonomie donc, mais ce métier reste encore précaire.
Pour un pansement, par exemple, la rémunération est de 6 euros.
Les infirmiers n’ont pas connu de revalorisation financière depuis 16 ans. « Il coûte aussi plus cher, l’essence coûte plus cher, tout coûte plus cher. On est parfois un peu oublié dans le système. Et au même titre que plein d’autres professions du domaine public, on est un peu oublié », déplore Christopher.
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En outre, il sera également possible de consulter directement un infirmier. Une façon de désengorger les cabinets médicaux. Pour autant, cette évolution est très critiquée par les syndicats de médecins. « On est vraiment sur le diagnostic infirmier, c’est-à-dire l’état du patient dans son environnement. Si ça se fait, sous bonne entente, autrement dit en lien profond avec le médecin, c’est gagnant-gagnant », temporise Jérôme Marty, président de l’Union française pour la médecine libre.
En France, le nombre d’infirmiers devrait augmenter de plus d’un tiers d’ici à 2050.
TF1