Comme lors d’Atlético-Real ce mercredi avec le tir au but transformé par Julián Álvarez mais refusé par la VAR, des litiges s’emparent parfois de certaines séances. Et cela peut donner des moments mythiques.
Le poteau caché
Alberto Gil est aujourd’hui un joueur d’Ourense, en troisième division espagnole. Sa carrière aurait-elle été différente si son tir au but face à Chelsea, en huitièmes de finale de la Youth League 2015-2016, n’avait pas été injustement refusé ? Ce jour-là, sous les couleurs de Valence, l’ailier s’élance, sa frappe croisée tape le cadre, puis s’éloigne de la cage, et l’arbitre suisse Adrien Jaccottet invalide donc la tentative.
Problème : le tir de Gil n’a pas rebondi sur le montant, mais sur l’équerre située à l’intérieur du but. La séance se poursuit, et au bout, Tammy Abraham qualifie les Blues.
C’est ça, aussi, de jouer avec des vieux buts mobiles d’entraînement…
🚨 ALBERTO GIL, jugador del @Ourense_CF, va ser el jugador del València que va marcar el famós penal contra el Chelsea en UEFA YOUTH LEAGUE i que els àrbitres no van concedir. El València va acabar eliminat.
🏆 Jugarà contra el València els vuitens de Copa del Rei 👇 pic.twitter.com/zh9yvVTuNY
— Esports Migdia 📻 (@esportsvcr) January 9, 2025
Les petits pas
Personne – parmi ceux qui étaient là pour le voir, du moins – n’a oublié Jerzy Dudek et ses bonds jusqu’aux six mètres, ou presque, pour mettre en échec Andrea Pirlo puis Andriy Shevchenko lors de la légendaire finale de Ligue des champions 2005 entre Liverpool et l’AC Milan.
Mais l’escroc polonais n’est évidemment pas le seul à avoir abusé du laxisme qui a longtemps entouré la position du gardien de but sur les penaltys et tirobs : en 2002, un jeune – et pas encore casqué – Petr Čech dégoûtait par exemple les Bleuets de Julien Escudé et Jean-Alain Boumsong en finale de l’Euro Espoirs, en n’hésitant pas à avancer de plusieurs mètres sur chaque frappe adverse.
La belle époque pour les derniers remparts.
Simplesmente Dudek defendendo o pênalti de Pirlo na final da Champions em 2005. 😅
Nostálgico!
— Futebol Nostálgico! (@futnostalgico) January 22, 2024
La double barre
Là, vu l’enjeu, on est sur l’un des plus gros scandales de l’histoire de ce jeu. Finale de la Coupe d’Afrique des nations 2000, deux buts partout entre le Nigeria de Jay-Jay Okocha – qui évolue à domicile – et le Cameroun de Samuel Eto’o : séance de TAB, donc. L’ancien Monégasque Victor Ikpeba s’élance, le cuir tape deux fois la barre et, entre les deux, rebondit clairement derrière la ligne de but. But ?
Non, dit Mourad Daami.
À vrai dire, personne – pas même Ikpeba – ne réalise ce qu’il vient de se passer et, malgré l’échec de Marc-Vivien Foé dans la foulée, les Lions indomptables l’emportent 4-3 pour se poser sur le toit du continent. Les exemples du genre sont légion.
Demandez à Éric Roy, qui avait raconté pour Madeinlens.com le douloureux souvenir d’un OM-Lens, en Coupe de la Ligue, en 1999 : « Je suis le dernier tireur, si je marque, on se qualifie. Le ballon frappe la barre, rebondit largement derrière la ligne et ressort. Mais l’arbitre ne le valide pas. Derrière, on perd à la mort subite.
Et Lens gagne l’épreuve cette année-là… »
La motte d’herbe
La demi-finale Angleterre-Portugal de l’Euro 2004, c’est avant tout celle de Ricardo, « le gardien sans gant ». Mais c’est aussi celle de David Beckham qui, depuis les onze mètres, envoie une chiche improbable dans le ciel de Lisbonne et entraîne la chute des Three Lions.
Si l’on regarde attentivement le ralenti, on peut en partie comprendre comment la patte magique du Spice Boy a pu signer une telle horreur : au moment où le Mancunien pose son pied d’appui à côté de la gonfle – sans la toucher –, celle-ci se décale très légèrement et provoque, potentiellement, le dévissage de la frappe. Juste après son loupé, Becks se retourne d’ailleurs vers le point de penalty pour comprendre ce qui vient de se passer. Motte d’herbe capricieuse ? Intervention divine en faveur de la Seleção ?
Quoi qu’il en soit, Ángelos Charistéas rétablira l’ordre au tour suivant, en faisant couler des larmes sur le visage de Cristiano Ronaldo.
Le rouge en pleine séance
Celle-là est lunaire. On est le 21 novembre 2020 aux États-Unis dans un match entre le New York City FC et Orlando. Un but partout à l’issue de la prolongation, place aux tirs au but. Classique, pour le moment. Orlando mène 4-3, le dernier tireur new-yorkais se présente face à Pedro Gallese. S’il l’arrête, Orlando est qualifié. Miracle, il détourne le ballon et rugit de joie. Sauf… qu’il n’avait pas de pied sur sa ligne.
Conséquence directe : tir au but à retirer et carton jaune ! Cet avertissement est son deuxième de la partie, synonyme d’exclusion. C’est Rodrigo Schlegel qui enfile les gants. Le deuxième gardien ? Non, le défenseur de l’équipe ! Et vu que le foot est un sport comme aucun autre, Schlegel stoppe cette tentative et offre la qualif’ aux siens.
Ça, c’est de l’anecdote à raconter à ses petits-enfants.
La fausse joie
Existent aussi les TAB où le gardien crie victoire trop tôt. « Le penalty le plus fou de la saison », c’est comme ça qu’a baptisé la presse italienne en 2011 un tir au but du club amateur de Termano.
L’attaquant tire sur la barre transversale, le gardien exulte et s’en va célébrer sauf que… le ballon revient vers le but et rentre, après d’interminables rebonds.
L’arbitre accorde le but, et Termano s’impose au terme de la séance. Furieuse, l’équipe adverse, Dro, saisit la Fédération pour rejouer le match.
Et obtient gain de cause !
Avec cette logique, un tir au but qui touche la barre, rebondit et rentre est refusé.
Ce qui n’est pas conforme à ce que stipule l’article 10 de l’IFAB : « Le tir est terminé lorsque le ballon arrête de bouger, est hors du jeu ou quand l’arbitre interrompt le jeu pour une infraction ; le tireur ne peut rejouer le ballon. » Cette règle a été correctement appliquée en Asie.
Lors d’une interminable séance en demi-finales de la Coupe de Thaïlande 2017, le score était de 19-19 (!!!) lorsque le gardien de Satri Angthong s’est réjoui de voir la tentative adverse fracasser la transversale… sauf que l’effet du ballon l’a ramené vers le but, alors que le portier avait entretemps déserté sa cage. L’arbitre a accordé le but, de quoi rendre le portier stupéfait, et c’est le Bangkok Sports Club qui a vu le tour suivant.
Et si le gardien fait la parade, mais que le ballon reprend de lui-même la direction du but ? Eh bien c’est pareil ! En 2010, le gardien du FAR de Rabat, Khalid El Askari, se fait avoir de la sorte, en huitièmes de finale de Coupe du Maroc.
Ce sera bel et bien validé, et Rabat se retrouvera éliminé.
Bonus : la Kings World Cup
Comment parler des tirs au but sans évoquer la Kings World Cup, cette compétition de foot organisée en mai 2024, rassemblant d’anciennes gloires à la retraite et des amateurs draftés pour l’occasion, formatée pour les réseaux et diffusée en direct sur la plateforme Twitch ?
L’équipe française, emmenée par le streamer Amine et les retraités Jérémy Ménez et Samir Nasri, et baptisée « Foot2Rue », n’oubliera pas de sitôt la manière dont elle s’est fait voler son ticket pour les huitièmes.
Le penalty 𝗚𝗔𝗚 qui qualifie l’Argentine et élimine la France de la Kings World Cup… 🥲 pic.twitter.com/Y8XMbC80bX
— Vibes Foot (@VibesFoot) June 2, 2024
Lors des TAB, la frappe du tireur argentin Edwin Cardenas est détournée par Christophe Npasu et rebondit contre le plafond – car oui, les matchs ont lieu en indoor.
Les coéquipiers de Jérémy Ménez sont aux anges, mais l’arbitre accorde le but. Le ballon était rentré après la parade… Une décision injuste pour les Français qui pointent du doigt la non-validité de cette dernière tentative.
Selon eux, le temps s’est écoulé avant que le ballon ne franchisse la ligne et que le ballon aurait touché le plafond, ce qui invalide le penalty. La réaction de Nasri est plutôt claire : « On peut perdre, mais on se fait baiser de A à Z par l’arbitrage. »
sofoot