Maroc : le musée Al Batha de Fès, un trésor du patrimoine islamique

Au cœur de Fès, le musée des arts islamiques Al Batha se dresse comme un témoin incontournable de l’histoire et de la diversité du Maroc.

Ancien palais royal construit entre 1873 et 1894 sous le règne du sultan Moulay Hassan Ier, il fut transformé en musée en 1915 pour accueillir la première exposition permanente consacrée aux arts et traditions populaires de Fès et de ses environs.

Dès l’entrée, le visiteur est transporté dans un univers raffiné où se mêlent arches majestueuses, portes sculptées et salles d’exposition regorgeant de trésors. Parmi les pièces emblématiques du musée, une remarquable collection de tapis en laine du XIXe siècle illustre l’excellence de l’artisanat traditionnel de la région. Aujourd’hui, ce sont pas moins de 777 œuvres, témoignant de plusieurs siècles d’histoire, qui y sont exposées.

Un lieu chargé de spiritualité et d’histoire

Le musée s’anime particulièrement durant le mois du Ramadan, période où l’atmosphère spirituelle résonne avec la richesse culturelle du lieu. Comme l’explique Fatima Zahra Rafi, conservatrice adjointe du musée : « Ce mois est empreint d’une grande spiritualité pour les Marocains, et c’est aussi une occasion unique pour les visiteurs étrangers de partager cette ambiance avec nous. C’est une période où nous nous reconnectons avec nos traditions ancestrales. »

Le musée dévoile un héritage exceptionnel, allant des instruments de musique traditionnels aux somptueux kaftans brodés de fils d’or et d’argent.

L’une des salles abrite une couverture en cuir brodée d’argent, provenant du tombeau de Moulay Idriss Zerhoun et datant de la dynastie alaouite.

En 1897, le palais a été redécoré et embelli sous l’impulsion du sultan Moulay Abdelaziz.

Aujourd’hui, ses salles invitent à la contemplation de trésors rares, comme des corans datant des périodes almohade et mérinide, ou encore une collection fascinante d’astrolabes planétaires. Ces instruments scientifiques, dont le plus ancien remonte à 1217, servaient autrefois à observer les étoiles et à guider les navigateurs sur les mers. Le minbar (chaire) de la mosquée Al Andalus, datant de 985 après J.-C., est l’une des pièces les plus rares du musée.

Un carrefour des civilisations

Pour Katia Wassaos, une touriste hollandaise en visite, ce musée incarne parfaitement la richesse et la diversité du Maroc : « C’est fascinant de voir ici toute cette histoire. Ce musée illustre véritablement les rencontres entre civilisations, et c’est exactement l’impression que me donne ce pays. On ressent tant d’influences culturelles partout. » Le Bab Al-Sbitriyin, transféré de la mosquée Al-Qarawiyyin, est un excellent exemple de menuiserie et de gravure.

Après trois années de restauration, le musée a rouvert ses portes avec une identité renouvelée, affirmant son rôle de gardien des arts islamiques.

Situé au cœur de Fès, l’une des plus anciennes cités islamiques, il perpétue la mémoire d’un patrimoine inestimable, tout en offrant aux visiteurs une plongée inoubliable dans l’histoire du Maroc.

africanews

You may like