Rennes : Beye, une méthode qui avance

Novice en L1, le coach rennais a redonné de la force à son équipe à travers un management persuasif et un projet de jeu engageant.

Habib Beye a récupéré fin janvier une équipe rennaise tête basse (16e), barbouillée par cinq revers d’affilée et secouée au mercato, et la voilà devenue «difficile à jouer», selon son coach propulseur de bonnes ondes. Elle est cinquième de Ligue 1 sur les huit dernières journées, carbure sur les courses à haute intensité, et si faire un bond jusqu’aux places européennes apparaît illusoire, la trajectoire est plus conforme aux moyens du club et aux dépenses hivernales – 75 millions d’euros, hors options d’achat obligatoire pour Lilian Brassier (12 millions d’euros) et non obligatoire pour Ismaël Koné (14 millions d’euros).

En interne, on loue une méthode Beye «moderne, progressiste, collaborative et énergétique».

«Il montre sur un temps très court qu’il est taillé pour le job, ajoute un technicien qui a côtoyé celui qui a obtenu le BEPF en 2022. C’est quelqu’un de courageux, il le prouve dans sa manière de jouer et les profils jeunes qu’il lance.» Toujours installé dans un hôtel au sud de Rennes – comme ses deux adjoints, Sébastien Bichard et Olivier Saragaglia –, Beye (47 ans) étire en général ses journées à la Piverdière de 7h30 à 20h, et il avait commencé par déminer la situation contre Strasbourg (1-0, le 2 février).

Dans un schéma à trois défenseurs axiaux, il avait lancé dans l’entrejeu Djaoui Cissé (21 ans), ignoré par Jorge Sampaoli et Julien Stéphan, et le jeune milieu a pris de l’épaisseur.

Beye a aussi hissé Kader Meïté (17 ans) sur le devant de la scène, désaxé Arnaud Kalimuendo, gère un Seko Fofana qui n’est pas à 100 %, peaufine associations et connexions, et l’entrée décisive de Koné à Angers dimanche (3-0) soulignait une implication élargie en même temps qu’une rédemption après ses déboires à l’OM.

«Habib est resté assez jeune dans son fonctionnement tout en étant très responsable, son côté multiculturel lui permet d’être rapidement connecté avec les différentes générations du vestiaire, poursuit le technicien qui l’a connu. Il aime bien alterner le studieux et le ludique à l’entraînement, en portant une attention particulière à ce que les joueurs prennent du plaisir, c’est vraiment un enjeu pour lui.»

«Je veux une équipe dominante, capable de faire mal à l ’adversaire en permanence, c’est la théorie», avait annoncé Beye, pour qui s’en sortir passait donc par attaquer plus afin de moins et mieux défendre. «Il est toujours positif, aime travailler avec intensité, avec des idées claires, et je retrouve ce que j’ai connu avec des coaches précédents : la volonté d’attaquer, de presser, d’ avoir le ballon», relevait vendredi Hans Hateboer, passé par l’école Gian Piero Gasperini à l’Atalanta Bergame et qui a pourtant perdu du temps de jeu.

Beye tricote donc ambition, sérieux et décontraction, offrant avec son staff une bouteille de vin de 1985 à Steve Mandanda pour ses 40 ans, et pour la blague, des charentaises.

Il s’alarme aussi à la moindre anomalie ou insuffisance à ses yeux, les politesses en fin de match contre Paris (1-4, le 8 mars) ou ce match sans panache à Lens (0-1, le 15 mars ), sort du groupe Mousa al-Tamari après Paris, pique ou responsabilise indifféremment jeunes et cadres. «C’est le bon meneur d’hommes qui fédère autour d’un projet de jeu convaincant, observe le proche d’un joueur.

Il a tout de suite montré qu’il collait à ses mots, la manière dont tu t’entraînes et dont tu réponds à ses exigences en termes d’investissement et de comportement est plus importante que les statuts. Ça stimule.»

Doubler Auxerre fait partie de l’objectif du jour, comme finir dans le top 10. Cette semaine, selon Beye, «il n’y a pas eu de relâchement».

L’Équipe

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