Le Mali a mené une enquête après la destruction, fin mars, d’un drone de son armée. Le pays a conclu, dimanche, à une « action hostile préméditée du régime algérien ». Le Mali et ses alliés du Niger et du Burkina Faso ont rappelé leurs ambassadeurs à Alger, qui a exprimé sa « consternation ».
Les relations se tendent un peu plus. Le Mali et ses alliés du Niger et du Burkina Faso ont annoncé dimanche 6 avril le rappel de leurs ambassadeurs en Algérie, qu’ils ont accusée d’avoir abattu fin mars un drone de l’armée de Bamako dans le nord du territoire malien, près de la frontière algérienne.
« Le collège des chefs d’État de l’AES (Alliance des États du Sahel) décide de rappeler pour consultations les ambassadeurs des États membres accrédités à Alger », ont annoncé les trois pays dans un communiqué commun.
Cette décision intervient dans un climat de profonde dégradation des relations entre les deux pays.
Le 1er avril, Alger avait dit avoir abattu un drone de reconnaissance armé qui avait pénétré son espace aérien. À la suite d’une enquête, le Mali a « conclu avec une certitude absolue que le drone a été détruit suite à une action hostile préméditée du régime algérien », a affirmé dans un communiqué le ministère malien des Affaires étrangères.
Lundi, l’Algérie a exprimé sa « consternation », dénonçant des « allégations mensongères ».
Les accusations venant en particulier de Bamako « ne dissimulent que très imparfaitement la recherche d’exutoires et dérivatifs à l’échec manifeste (d’)un projet putschiste qui a enfermé le Mali dans une spirale d’insécurité, instabilité, désolation et dénuement », a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Acte d’agression inédit »
Selon les autorités maliennes dirigées par des militaires au pouvoir depuis un double coup d’État en 2020 et 2021, l’épave du drone a été localisée dans une zone située à 9,5 kilomètres au sud de la frontière entre les deux pays.
« La distance entre le point de rupture de liaison avec l’appareil et le lieu de localisation de l’épave est de 441 mètres. Ces deux points sont tous situés sur le territoire national », dit le communiqué, ajoutant que l’aéronef « est tombé à la verticale, ce qui, probablement, ne peut s’expliquer que par une action hostile causée par des tirs de missiles sol-air ou air-air ».
« Face à la gravité de cet acte d’agression inédit », le Mali « condamne avec la dernière rigueur cette action hostile, inamicale et condescendante des autorités algériennes », poursuit le document.
Le Mali a par ailleurs annoncé plusieurs mesures, notamment la convocation de l’ambassadeur d’Alger sur son territoire, pour « protester » contre son voisin, le retrait avec effet immédiat du Comité d’état-major conjoint (Cemoc), une alliance de plusieurs forces armées du Sahel, et une plainte devant des instances internationales « pour actes d’agression ».
Ce contentieux est le dernier en date entre le Mali et son grand voisin algérien, dont les relations n’ont cessé de se dégrader ces dernières années. Les deux pays avaient déjà rappelé leurs ambassadeurs respectifs à la suite d’une brouille en décembre 2023.
Le Mali reproche à l’Algérie d’entretenir une « proximité avec les groupes terroristes », notamment dans la région frontalière, où l’armée malienne et ses alliés russes ont subi fin juillet de lourdes pertes.
Fin janvier 2024, la junte malienne avait annoncé la « fin, avec effet immédiat », de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015.
Cet accord a longtemps été considéré comme essentiel pour stabiliser le pays, confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire nourrie par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique, et de bandes criminelles communautaires.
AFP