Les maires d’une quinzaine de communes du littoral français concernées par les départ de migrants à bord de small boats réclament des mesures concrètes telles que l’indemnisation des communes et le renforcement de la sécurité. Dans un nouveau communiqué publié vendredi, ils estiment que la crise migratoire a été « reléguée au second plan des priorités politiques ».
Un mois après la dernière visite du ministre l’Intérieur Bruno Retailleau et de son homologue britannique Yvette Cooper, la situation migratoire que connaît le littoral français « est repassée au second plan des priorités politiques”, estime le Collectif des maires du littoral.
Dans un nouveau communiqué publié vendredi 4 avril, ce collectif de maires de 17 communes françaises (Ambleteuse, Audinghen, Audresselles, Calais, Coquelles, Cucq, Equihen Plage, Escalles, Grand-Fort-Philippe, Gravelines, Loon-Plage, Marck, Oye-Plage, Sangatte, Tardinghen, Wimille et Wissant) concernées par les départs de migrants à bord de small boats, réclame de nouvelles mesures concrètes pour mettre fin à cette situation.
“Les traversées de la Manche ont augmenté de 22 % en un an, un constat alarmant qui exige une mobilisation immédiate”, alertent les édiles qui réclament en conséquence de nouvelles mesures concrètes.
Ces maires qui se disent « abandonnés par l’État » avaient déjà réclamé des mesures dans un communiqué publié en novembre 2024.
Compensation financière et mesures de sécurité
Les élus demandent la mise en place “d’un fonds de compensation des frais engagés pour les collectivités et les particuliers dans le cadre de la crise migratoire”. Interrogé par France 3 Hauts de France, le maire d’Ambleteuse estime que ces frais représentent « entre 2 500 et 3 000 euros par an”. “En 2021 par exemple, on ouvrait une salle quasiment tous les jours. On donnait des biscuits, de l’eau etc. Tout ça, c’était à la charge de la commune.”
Pour une petite commune, “ce n’est pas négligeable”, précise-t-il.
Dans leur communiqué, les maires réclament aussi plus de mesures sécuritaires telles que “le financement des brigades de gendarmerie annoncées en novembre par le ministre de l’Intérieur” ainsi que “la poursuite du déploiement de la police des transports”. Des mesures qui doivent être prises en charge financièrement par les Britanniques selon les maires.
Le Collectif appelle également à mettre en place “une mesure d’éloignement des populations migrantes de la bande littorale”.
“Plutôt que d’aller repêcher les personnes en mer, il vaudrait mieux trouver des dispositifs pour éviter qu’elles arrivent, non ?”, s’interroge Natacha Bouchart, également interrogée par France 3. Pour ce faire, la maire souhaite le rétablissement du délit de séjour irrégulier. Enfin, le collectif souhaite voir émerger des « discussions sérieuses sur la mise en place de voies légales d’immigration vers le Royaume-Uni”.
Record de traversées
Pour défendre ces mesures, les maires du littoral demandent à être auditionnés par le Sénat, l’Assemblée nationale ainsi que les parlements britannique et européen.
Près de 6 000 migrants sont arrivés de manière irrégulière au Royaume-Uni au cours du premier trimestre 2025, selon les dernières données du ministère britannique de l’Intérieur compilées par InfoMigrants.
Les trois premiers mois de 2024, ils étaient 5 373, le précédent record pour un premier trimestre.
Cette année-là avait vu un net rebond des traversées illégales, avec plus de 36 800 migrants arrivés sur les côtes britanniques, soit 25 % de plus qu’en 2023, ce qui était toutefois moins que le record de 2022 (45 774).
Au moins 78 personnes ont péri dans une vingtaine de naufrages en 2024, selon l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim), les exilés prenant davantage de risques pour déjouer la surveillance des autorités.
Et les drames n’ont pas cessé en 2025. Depuis le début de l’année, au moins neuf personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre le Royaume-Uni.
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