Entre le 3 avril et le 6 avril, quatre navires humanitaires européens ont secouru au total 439 migrants qui se trouvaient à bord de canots de fortune à la dérive en Mer Méditerranée. Parmi les naufragés se trouvaient de nombreuses femmes et des enfants.
La semaine dernière, les ONG ont multiplié les opérations de secours en Mer Méditerranée.
La plus récente date d’hier, dimanche 6 avril. Vers 16h, le navire Safira de l’ONG italien Mediterranea Saving Humans a secouru 28 personnes dans un bateau à la dérive, dont 12 mineurs, dans la zone de détresse et de sauvetage tunisienne (SAR zone). Selon les informations de l’ONG sur X, les rescapés avaient quitté la côte libyenne de Sabratha.
Ils dérivaient en mer « depuis 52 heures », « leur moteur avait pris feu. »
1/4 Oggi verso le ore 16 la barca del #soccorso civile #Safira di #MediterraneaSavingHumans, ha svolto con successo un’operazione di soccorso di 28 persone, tra cui 12 minori, che erano alla deriva in zona #Sar Tunisina, dopo essere partiti dalla costa libica di Sabratha. pic.twitter.com/K1hCj64aNo
— Mediterranea Saving Humans (@RescueMed) April 6, 2025
« La découverte de l’embarcation s’est produite lors d’opérations de recherche commencées depuis 9 heures ce matin-là dans la même zone, après que l’équipage a repéré un corps sans vie qui a ensuite disparu dans la mer », peut-on encore lire sur X.
« Tombées à l’eau avant l’arrivée des secours »
La veille, samedi 5 avril, l’équipe Life Support de l’ONG italienne Emergency a mené de son côté trois opérations distinctes pour secourir trois bateaux en difficultés dans les eaux internationales de la SAR zone libyenne. Au total, les équipes humanitaires ont mis 215 personnes en sécurité, dont 53 femmes, 83 mineurs isolés et font route vers le port d’Ancône pour les débarquer.
Selon les premiers témoignages, les rescapés sont originaires d’Érythrée, de Somalie, du Bangladesh, du Cameroun, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Ghana, du Mali et du Bénin.
« Des pays ravagés par les conflits armés, l’instabilité politique, la pauvreté et la crise climatique », écrit l’ONG sur son compte X.
🔴 #LifeSupport 215 naufraghi soccorsi in tre operazioni di soccorso in acque internazionali della zona #SAR libica. Tra loro 53 donne, 83 minori che viaggiano da soli e 9 accompagnati. Il porto assegnato è #Ancona. https://t.co/Iek5ahymE4 pic.twitter.com/f9DuCdTeXd
— EMERGENCY (@emergency_ong) April 5, 2025
Lors du premier sauvetage, aucun migrant ne portait de gilet de sauvetage.
« Les naufragés ont déclaré être partis à 22 heures la nuit précédente de Zaouïa, en Libye », précise Emergency sur X. Des disparus sont à déplorer. « Certains des naufragés ont indiqué aux médiateurs culturels qu’il y avait également 14 autres personnes qui se trouvaient à bord du canot pneumatique mais qu’elles étaient tombées à l’eau avant l’arrivée des secours ».
Avant même que la première intervention ne soit terminée, « depuis le pont du navire », les humanitaires ont repéré un deuxième bateau en difficulté, une barge en bois sur laquelle étaient entassées 78 personnes, dont 18 femmes et 29 mineurs, peut-on lire sur leur communiqué. « Elle était surchargée et les personnes à bord étaient très fatiguées par le voyage, l’une d’entre elles ne pouvait pas se lever à tel point qu’elle a été transportée sur une civière à bord de l’assistance respiratoire ».
Les survivants ont indiqué qu’ils avaient quitté Sabratha la nuit précédente et qu’ils étaient restés dans l’eau pendant plus de 15 heures.
Une fois la deuxième opération terminée, Emergency a reçu une nouvelle alerte d’Alarm Phone pour un canot pneumatique en détresse.
L’équipe de sauvetage a alors procédé à sa troisième opération « après en avoir informé les autorités de Rome » – comme le veut la procédure. Quarante-quatre personnes ont été sauvées de la noyade, dont 9 femmes et 19 mineurs (dont 17 mineurs isolés).
« Signe évidents de déshydratation »
Le même jour, l’Aita Mari du collectif espagnol Maydayterraneo a secouru, lui, 108 personnes en Méditerranée centrale. Elles ont été localisées sur deux bateaux en « grave danger ». Parmi les survivants originaires du Soudan, du Nigéria et du Togo, se trouvent 13 femmes et 13 enfants.
« Après une nuit à la dérive, les personnes secourues présentaient des signes évidents d’épuisement, de déshydratation et de problèmes respiratoires », a écrit l’ONG sur X.
Hoy el Aita Mari hemos rescatado 108 personas en el Mediterráneo central, localizadas en dos embarcaciones en situación de grave riesgo entre ellas 13 mujeres y 13 niños/as.
👇🏽🛟 pic.twitter.com/RYHfFwZZUR
— SMH – AITA MARI (@maydayterraneo) April 5, 2025
Les autorités leur ont assigné le port de Salerne pour débarquer.
Trop loin, explique l’Aita Mari. « En raison des conditions (de santé) dans lesquelles se trouvent de nombreuses personnes et à cause de vagues de plus de 2 mètres prévues, nous demandons un port plus proche pour débarquer conformément aux principes humanitaires et au droit international ».
Enfin, deux jours avant, entre le 2 et le 3 avril, l’équipage de Humanity 1, de l’ONG allemande SOS Humanity, avait déjà procédé à deux autres opérations de secours en Méditerranée.
Les deux embarcations avaient quitté cette fois-ci, les côtes tunisiennes.
La première, une embarcation en bois, était « hors d’état de naviguer avec une cinquantaine de personnes à bord ».
« Tous ont pu être remontés à bord dont de nombreux mineurs non accompagnés, ainsi que plusieurs femmes et des bébés de quelques mois seulement », peut-on lire sur leur compte X.
Lors du deuxième sauvetage, une quarantaine de personnes ont été mises à l’abri. Elles dérivaient depuis trois jours. « Malheureusement, une personne était déjà décédée » quand les secours sont arrivés.
Les autorités italiennes ont désigné « le port lointain » de Gênes pour le débarquement de ces migrants.
La route migratoire passant par la Méditerranée centrale demeure la plus meurtrière au monde. En 2024, un peu plus de 1 700 exilés sont morts dans cette zone maritime, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Et depuis le début du recensement de l’agence onusienne en 2014, on compte plus de 24 000 décès dans ces eaux.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines.
Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer.
Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.
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