Donald Trump a provoqué une envolée des Bourses en Asie ce jeudi matin après sa spectaculaire volte-face de mercredi sur les droits de douane, à l’exception de ceux qui frappent les produits chinois.
Dès l’annonce du changement de pied du président américain, mercredi, les marchés financiers américains se sont redressés de manière spectaculaire, indiquant de manière assez claire ce qu’ils pensent des barrières douanières. Wall Street s’est envolé avec +7,9% pour le Dow Jones et +12% pour le Nasdaq.
Euphorie des Bourses, de Taïwan à Séoul
Dans la foulée, les Bourses asiatiques ont rebondi fortement, dans des marchés soulagés par la pause sur les majorations douanières américaines massives et pariant sur une accalmie dans la guerre commerciale.
À Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé sur un bond de 9,12% à 34.609 points, et l’indice élargi Topix a flambé de 8,09% à 2.539,40 points. A Séoul, l’indice Kospi a gagné 6,6% en clôture. La Bourse de Sydney, elle, a terminé en hausse de 4,5% et celle de Taipei s’est envolée de 9,25%.
En Asie du Sud-Est, même euphorie, souligne l’Agence France presse : vers 06H30 GMT, la Bourse de Thaïlande bondissait de 4,5%, Jakarta de 5%, et la Bourse vietnamienne de 6,8%.
Des négociations annoncées de tous les côtés
Les surtaxes décidées par Washington et dorénavant suspendues frappaient de nombreuses économies asiatiques très dépendantes de leurs exportations, dont le Japon (surtaxé à 24%), la Corée du Sud (25%), la Thaïlande (36%) ou le Vietnam (46%). Hanoï a d’ailleurs annoncé ce jeudi vouloir entamer des négociations commerciales avec Washington.
Le vice-premier ministre vietnamien Ho Duc Phoc a suggéré que les deux pays « devraient rapidement négocier un accord commercial bilatéral (…) pour promouvoir des relations économiques et commerciales stables et mutuellement bénéfiques », dans une déclaration publiée sur le portail d’informations du gouvernement ce jeudi. Hanoï s’est d’ailleurs engagé à acheter davantage de produits américains, dont des équipements de sécurité et de défense.
Les ministres de l’Économie du bloc régional ASEAN ont affirmé jeudi, lors d’une réunion par visioconférence, qu’ils « n’imposer[aient] pas de mesures de rétorsion » contre les États-Unis et se sont déclarés prêts à entamer un dialogue. « L’ASEAN, en tant que cinquième plus grande économie au monde, est profondément préoccupée par l’introduction récente des droits de douane unilatéraux par les États-Unis, que ce soit les droits de douane annoncés le 2 avril 2025 ou bien la suspension la plus récente, le 9 avril 2025 », ont déclaré les ministres dans un communiqué publié à l’issue de la réunion.
De son côté, l’Australie, un allié clé de Washington, a rejeté l’appel de la Chine à faire cause commune en matière commerciale.
Alors que Pékin est son plus grand partenaire commercial, Canberra cherche à diversifier ses marchés. Tout comme Taïwan, visé par une surtaxe de 32%, qui espère préserver ses relations avec son allié américain, tout en réduisant sa dépendance aux exportations vers les États-Unis.
Changement de pied de Trump mercredi
Quelques jours après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a annoncé mercredi une suspension pendant 90 jours des taxes à l’importation imposées à des dizaines de pays et partenaires, notamment contre l’Union européenne, en principe en vigueur depuis mercredi 04H01 GMT.
« Il faut être flexible », a justifié Donald Trump devant la presse à la Maison Blanche en reconnaissant que sa retentissante décision d’un matraquage douanier « effrayait un peu » des investisseurs « fébriles », rapporte l’Agence France presse. Il a indiqué avoir suivi le marché obligataire où la dette américaine, cette valeur refuge par excellence, a été vivement chahutée ces derniers jours.
Alors que les sondages montrent une défiance croissante d’Américains envers leur président revenu au pouvoir le 20 janvier, ses partisans ont tenté de le défendre. La porte-parole de la Maison Blanche et le secrétaire au Trésor sont ensuite venus assurer le service après-vente de la décision, en expliquant que tout cela était une tactique depuis le début pour forcer chacun à négocier des accords commerciaux bilatéraux plus favorables aux intérêts américains.
« C’était sa stratégie depuis le début », a assuré le ministre des Finances Scott Bessent.
L’un de ses proches conseillers, Stephen Miller, a vanté sa « stratégie magistrale » et son « audace » pour « isoler » Pékin.
Rfi