Dette française : pour Bayrou, la France « manque de moyens » et de solution concrète

François Bayrou a voulu de nouveau alerter les Français, mardi, sur le « piège » de la dette qui menacerait « la survie de notre pays », et a promis des réponses pour y remédier d’ici le 14 juillet en écartant d’ores et déjà la piste de l’augmentation des impôts.

Comment redresser les comptes publics ?

 François Bayrou a alerté les Français, mardi 15 avril, sur les faiblesses économiques du pays. La France « ne produit pas assez et ne travaille pas assez » par rapport à ses voisins. En écartant la piste d’augmentation des impôts pour remédier à la dette qui menace « la survie de notre pays », il a promis des réponses d’ici le 14 juillet.

« Seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée », a déclaré le Premier ministre, à l’issue d’un « Comité d’alerte du budget » qui a réuni – sans lui – plusieurs membres de son gouvernement, des parlementaires, des représentants d’organismes de sécurité sociales ou encore syndicales.

Graphiques à l’appui, le chef du gouvernement a énuméré les faiblesses de la France, qui selon lui « manque de moyens » pour financer ses priorités parce « qu’elle ne produit pas assez et ne travaille pas assez » par rapport à ses voisins, notamment en raison d’un taux d’emploi plus faible chez les jeunes et les seniors.

« Nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge » qui pourrait « atteindre 100 milliards d’euros en 2029 », a-t-il prévenu. « Si les taux d’intérêt explosent, alors c’est l’explosion assurée [sic] » à laquelle aucun gouvernement ne résistera, a-t-il insisté. Un leitmotiv de longue date chez le Premier ministre.

Après avoir fait ce « diagnostic » d’une « situation intolérable », et annoncé « un effort de quelque trois milliards supplémentaires » en 2026 pour la défense face à la guerre en Ukraine et au retournement stratégique des États-Unis, François Bayrou n’a pas détaillé de réponses concrètes à ce stade.

Le Premier ministre François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse sur les finances publiques à Paris, le 15 avril 2025.
Il a simplement annoncé que les « grandes orientations » et les « grands choix » du prochain budget seront proposés avant le 14 juillet, en amont des débats budgétaires au Parlement début octobre.

« Ce calendrier va permettre de rassembler toutes les contributions pendant quelques semaines autour des choix que nous allons devoir faire », a-t-il expliqué, en ajoutant que cela passera par « la refondation de l’action publique » via « une véritable remise à plat des missions et des budgets de nos administrations ».

Un déficit de 5,4 % du PIB

Dans un contexte de ralentissement de la croissance pour 2025, rabotée à 0,7 % dans les prévisions du gouvernement, après 1,1 % en 2024, le Premier ministre n’a pas chiffré le volume d’économies à réaliser.

À ses côtés, le ministre de l’Économie Eric Lombard avait évoqué dimanche « un effort » de 40 milliards pour ramener le déficit à 5,4 % du PIB en 2025, et à 4,6 % en 2026. Il a précisé mardi viser une réduction de 6 % des dépenses en cinq ans.

Sur quels leviers agir ? « L’effort doit être équitable entre les trois grandes catégories » – État, sécurité sociale et collectivités locales –, a indiqué Eric Lombard. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a notamment évoqué une action contre « la très grande dérive » des arrêts maladie.

Côté recettes, François Bayrou a exclu « d’augmenter les prélèvements », car cette approche serait « intenable ». 

« Si nous choisissions de continuer à augmenter ces prélèvements, c’est notre pays qui en souffrirait », a-t-il dit. Afin de préserver la compétitivité des entreprises, « nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts, ni les charges des entreprises », a renchéri Eric Lombard.

Embourbé dans les sondages et souvent taxé d’immobilisme après quatre mois à Matignon, François Bayrou entendait mardi amorcer la méthode dite de « coresponsabilité » avec les Français, qu’il a souvent prônée avant de prendre les commandes du gouvernement.

Le Premier ministre François Bayrou et plusieurs de ses ministres lors d'une conférence de presse sur les finances publiques à Paris, le 15 avril 2025.
Les partis politiques réagissent

Mais ce gouvernement tiendra-t-il jusqu’à la présentation du budget 2026, alors que La France insoumise et le Rassemblement national menacent à nouveau de le censurer ?

« La conférence de presse du Premier ministre n’est pas à la hauteur de la grave crise des finances publiques », a réagi Marine Le Pen, prévenant que le RN « ne laissera pas passer des mesures contre les Français alors qu’il existe tant de gabegies ».

La gauche s’inquiète quant à elle de « l’impact récessif » sur la croissance de nouvelles coupes dans les dépenses publiques, et appelle le gouvernement à envisager des hausses d’impôts pour les plus riches et une remise en causes de la politique d’exonérations aux entreprises.

Invité au comité d’alerte en tant que président de la commission des Finances de l’Assemblée, Eric Coquerel (LFI) a eu « l’impression d’être figurant d’une opération de communication ».

Même vocabulaire chez la leader de la CGT, Sophie Binet, pour qui le Premier ministre n’a apporté « aucune réponse » à ses « interrogations » et « interpellations ». De son côté, la patronne de la CFDT, Marylise Léon, a déploré « une vision comptable » du gouvernement, estimant qu' »on ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel ».

 AFP

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