Soudan : deux ans après le début du conflit, le chef des paramilitaires forme un gouvernement parallèle

Alors que la guerre au Soudan entre dans sa troisième année, le chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide, Mohamed Hamdane Daglo, a annoncé mardi la création d’un gouvernement rival, accentuant la division du pays déjà ravagé par le conflit.

Le chef des paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo a annoncé mardi 15 avril la mise en place d’un gouvernement rival, alors que la guerre au Soudan entre dans sa troisième année.

« En cet anniversaire, nous affirmons avec fierté la formation d’un gouvernement de paix et d’unité », a indiqué le chef des Forces de soutien rapide (FSR) sur son compte Telegram, annonçant notamment une « nouvelle monnaie » et de « nouvelles cartes d’identité ».

Le Soudan, troisième plus grand pays d’Afrique en superficie, est en proie depuis le 15 avril 2023 à une guerre sanglante entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis le coup d’État de 2021, et les paramilitaires des FSR, dirigés par son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.

Le conflit, qui est entré mardi dans sa troisième année, a fait des dizaines de milliers de morts et plongé certaines régions du pays dans une famine extrême.

Dans son document de six pages, consulté par l’AFP, le général Daglo précise qu’il ne s’agit pas « d’un État parallèle », mais de « l’unique avenir viable » pour le pays ».

Des services de base dans les zones occupées
« Notre gouvernement fournira les services de base – éducation, santé, justice – non seulement dans les zones contrôlées par les Forces de soutien rapide et les mouvements armés, mais dans tout le pays. Nous créerons une nouvelle monnaie, relancerons l’économie et délivrerons de nouveaux documents d’identité », a déclaré celui que l’on surnomme aussi « Hemedti ».

Fin février, les FSR et leurs alliés, plusieurs groupes politiques et militaires dont le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord dirigé par Abdelaziz al-Hilu, avaient signé à huis clos la « charte fondatrice » d’un gouvernement parallèle dans la capitale kényane Nairobi.

L’Union africaine (UA) avait mis en garde début mars d’un « énorme risque de partition » au Soudan si ce gouvernement venait à voir le jour.

Le gouvernement soudanais, soutien de l’armée, avait lui dénoncé un « dangereux précédent » en « violation du droit international », mais aussi vigoureusement critiqué le Kenya, accusé d’un soutien « irresponsable » aux rebelles.

Lors de la fragile transition politique après la chute en 2019 du président Omar el-Béchir, les généraux Burhane et Daglo avaient forgé une alliance de circonstance pour chasser les personnalités civiles du gouvernement, avant que la question de l’intégration des paramilitaires dans l’armée ne les divise et qu’une lutte acharnée pour le pouvoir ne tourne à la guerre ouverte.

france24

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