L’Union européenne réoriente sa stratégie technologique vers des applications militaires et à double usage, pour relever les défis sécuritaires. Un nouveau règlement présenté ce lundi promet d’accélérer l’innovation dans l’écosystème de défense européen.
La Commission européenne a dévoilé, ce lundi 22 avril, son plan pour intégrer la défense dans sa stratégie d’innovation technologique. Après avoir déjà mis en place la plateforme « STEP » pour coordonner les financements dans les domaines numériques, propres et biotechnologiques, Bruxelles étend désormais ce mécanisme au secteur militaire. Cette réorientation stratégique, qui s’inscrit dans le cadre du plan ReArm Europe, doit renforcer l’autonomie technologique du continent, tout en créant des synergies entre usages civils et militaires.
L’IA et la cybersécurité, les deux piliers du bouclier technologique européen
La plateforme STEP (Technologies stratégiques pour l’Europe), qui coordonne déjà les financements de 11 programmes européens dans les domaines des technologies numériques, propres et biotechnologies, élargit désormais son champ d’action pour englober les technologies de défense.
Cet ajustement, dévoilé par la Commission lundi, coïncide avec la publication du livre blanc sur la défense européenne. Il permettra aux projets liés à la défense de bénéficier du prestigieux « STEP Seal », un label qui facilite l’accès à des fonds complémentaires.
Le Conseil européen de l’innovation (CEI) va, quant à lui, soutenir plus activement les start-up qui développent des innovations à double usage.
Un coup de pouce significatif pour les jeunes pousses européennes qui peinent souvent à trouver des budgets dans ce secteur stratégique. L’idée à peine masquée de l’UE reste de stimuler l’émergence de champions européens capables de rivaliser avec leurs homologues américains ou asiatiques.
Le programme pour une Europe numérique (DEP) va maintenant financer des technologies utilisables à la fois dans le civil et dans la défense. L’accent sera mis sur les « gigausines d’IA », des infrastructures qui permettront de développer plus rapidement des technologies avancées pour ces deux secteurs. Et pour faciliter l’accès aux financements, un nouvel outil appelé « Get Funding » regroupera toutes les opportunités disponibles sur une seule plateforme.
L’Europe va renforcer son arsenal numérique
L’innovation de ce règlement européen réside aussi dans sa « clause d’atterrissage ». De quoi parle-t-on ? Il s’agit d’un mécanisme qui permet aux États membres de rediriger volontairement leurs fonds de cohésion. Une flexibilité budgétaire doit, aux yeux de Bruxelles, accélérer le financement de projets stratégiques dans l’industrie de défense, projets souvent freinés par des lourdeurs administratives. Une vraie aubaine pour les régions désireuses d’attirer des investissements dans ce secteur.
Le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE) bénéficie aussi d’adaptations majeures.
Les infrastructures numériques à double usage comme les systèmes cloud, l’IA et la 5G recevront un soutien renforcé. Ces technologies forment, aujourd’hui, l’épine dorsale des futurs systèmes de défense, tout en contribuant à moderniser les infrastructures civiles européennes.
Andrius Kubilius, commissaire à la défense et à l’espace, ne cache en tout cas pas ses ambitions.
« En encourageant les investissements liés à la défense et en soutenant l’innovation, nous veillons à ce que l’industrie européenne reste compétitive, agile et prête à faire face aux défis sécuritaires », explique-t-il. Un autre train de mesures de simplification est attendu au mois de juin.
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