Les ONG Sea-Eye et Sea-Watch ont porté secours à plus de 200 migrants répartis dans trois embarcations en détresse en mer Méditerranée centrale, samedi et dimanche. Par ailleurs, 72 migrants, partis le 12 avril de l’ouest de la Libye, sont portés disparus dans cette zone maritime.
Le week-end pascal a été chargé en Méditerranée centrale. Deux ONG ont porté secours à plusieurs embarcations en détresse en mer. Une première opération de sauvetage s’est déroulée samedi 19 avril. L’Astral, un voilier affrété par Sea-Watch, a porté assistance à « près de 140 personnes » répartis dans deux canots, indique l’ONG sur X.
« Avec Sea-Eye, nous avons prodigué les premiers soins jusqu’à ce que les gardes-côtes italiens ramènent tout le monde à terre », précisent les humanitaires.
En raison de sa petitesse, il ne peut pas accueillir de migrants à son bord, en revanche, il alerte les autorités compétentes pour leur venir en aide. En attendant les secours, l’équipage de l’Astral reste à proximité des canots en détresse et peut apporter les premiers soins.
Dans la soirée du lendemain, dimanche, c’est au tour du Sea-Eye 5 de secourir « 76 personnes dans un bateau en bois à deux étages », signale l’ONG éponyme sur X. « Après plus de trois heures de travail acharné, l’équipage ramène tous les survivants à bord après minuit ». La forte houle et l’obscurité ont rendu l’opération particulièrement périlleuse.
Plusieurs rescapés présentaient des signes de déshydratation, d’hypothermie et de mal de mer, d’après les humanitaires.
🚨 Extremer Seegang, tiefschwarze Nacht, dehydrierte Menschen: Am Ostersonntag erreicht die #SEAEYE5 ein Notruf durch Alarm Phone: 76 Menschen in einem doppelstöckigen Holzboot. Nach über 3 Stunden schwerem Einsatz bringt die Crew alle Überlebenden nach Mitternacht an Bord. 1/5 pic.twitter.com/pE6pDvcxCx
— Sea-Eye (@seaeyeorg) April 22, 2025
Les premiers examens médicaux ont révélé des signes cliniques de déshydratation, d’hypothermie, de mal de mer et d’épuisement chez nombre d’entre eux.
« Quelques cas ont nécessité des soins intensifs à l’infirmerie du Sea-Eye 5, axés sur la surveillance des signes vitaux, la réhydratation intraveineuse et le réchauffement. Heureusement, nous avons pu stabiliser l’état de santé de tous les patients », affirme l’ONG allemande dans un communiqué.
Dans un premier temps, le port de Reggio de Calabre, à l’extrême pointe de la botte italienne, a été attribué par le MRCC (centre de coordination des sauvetages) de Rome. Mais en raison des mauvaises conditions météorologiques, le navire humanitaire a pu débarquer les naufragés sur l’île de Lampedusa, lundi en début d’après-midi. « Une personne a été transportée directement à l’hôpital et deux autres ont été soignées dans un centre médical », rapportent Sea-Eye dans son communiqué.
Disparition de 72 migrants
Par ailleurs mardi 22 avril, le Life support, de l’ONG Emergency, a accosté au port de Ravenne, sur la côte adriatique, avec 82 migrants, dont 11 femmes, secourus cinq jours plus tôt au large des côtes libyennes. « Les naufragés étaient restés dans l’eau pendant plus de 14h à bord d’un canot pneumatique surchargé et aux boudins dégonflés », avait alors alerté l’ONG dans un communiqué.
Les humanitaires s’inquiètent également de la disparition de 72 exilés.
Partis de Sabratha, à l’ouest de la Libye, le 12 avril, ces personnes n’ont pas donné signe de vie depuis plusieurs jours, prévient sur X le journaliste italien Sergio Scandura, qui craint le pire. La zone maritime qui va de l’ouest de la Libye vers Lampedusa a connu « des conditions météorologiques hostiles avec une mer agitée », note le journaliste.
En mer Méditerranée – ou dans l’Atlantique – de nombreux « bateaux fantômes » disparaissent sans laisser de traces.
« Il est très difficile de documenter ces disparitions. Dans ces ‘naufrages invisibles’ il n’y a, par définition, ni survivant, ni dépouille », expliquait à InfoMigrants Marta Sanchez, chargée du projet « Migrants disparus » au sein de l’OIM, lors d’une interview en 2020.
La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus meurtrière au monde.
Cette année déjà, on compte au moins 300 migrants décédés dans ces eaux, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Depuis 2014, date des premiers recensements de l’agence onusienne, plus de 24 000 exilés ont péri dans cette zone maritime. Parmi eux, près de 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie, d’après un rapport de l’Unicef.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée.
La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.
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