Plus de 10 500 migrants sont arrivés au Royaume-Uni à bord de « small boats » depuis le 1er janvier. Ce nombre n’avait jamais été atteint aussi tôt dans l’année. Selon la ministre de l’Intérieur britannique, les réseaux de passeurs qui organisent ces traversées périlleuses « ont profité d’un nombre bien plus élevé de jours avec une météo calme ».
C’est un nouveau record d’arrivées. Depuis le 1er janvier, 10 533 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations, selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur britannique compilés par InfoMigrants. Rien qu’au cours de la dernière semaine d’avril, 1 157 personnes ont débarqué dans le pays.
C’est la première fois depuis l’apparition de ces traversées en 2018 que ce seuil est dépassé si tôt dans l’année. Il avait fallu attendre le 24 mai l’an dernier, et le 17 juin en 2023.
La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a affirmé sur Times Radio que les réseaux de passeurs qui organisent ces traversées périlleuses « ont profité d’un nombre bien plus élevé de jours avec une météo calme ».
La ministre a défendu les mesures prises par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir en juillet dernier pour lutter contre l’immigration clandestine.
Elle a annoncé un amendement à la loi sur l’immigration en cours d’examen au Parlement pour interdire à un étranger délinquant sexuel d’obtenir l’asile au Royaume-Uni, sans préciser combien de personnes pourraient être concernées.
Par ailleurs, les tribunaux seront tenus d’examiner dans un délai de 24 semaines les recours déposés par des demandeurs d’asile déboutés dans une première décision et dont le gouvernement finance l’hébergement.
« Changement de doctrine »
La ministre a également indiqué que la France allait modifier le mode opératoire de ses forces de l’ordre pour intercepter davantage les bateaux de migrants quittant les plages françaises. « Nous avons convaincu les Français de changer leurs règles (…) afin que la police française puisse intervenir sur les bateaux et empêcher les gens de monter dedans », a-t-elle déclaré sur la BBC.
Contacté par l’AFP, le ministère français de l’Intérieur a confirmé qu’une réflexion interministérielle était en cours sur « un changement de doctrine pour pouvoir intervenir dans les eaux peu profondes » et arrêter les embarcations « jusqu’à 300 mètres de la côte ».
Actuellement, les forces de l’ordre ne peuvent agir que pour porter secours à une embarcation déjà en mer. Un porte-parole de Downing Street a indiqué qu’avant même un tel changement, la police française avait déjà empêché « 4 000 traversées » depuis le début de l’année.
Au moins 10 morts en 2025
Malgré cela, les tentatives de traversées sont toujours très nombreuses et se soldent régulièrement par des drames. Depuis le début de l’année, on compte déjà 10 migrants morts dans la Manche. Le dernier décès remonte à vendredi 19 avril : une personne à bord d’un « small boat » a été retrouvée inconsciente par les gardes-côtes britanniques. « Son évacuation est coordonnée par le centre de sauvetage britannique. La victime est déclarée décédée par les services de secours britanniques à l’approche de Douvres », avaient signalé les autorités françaises.
Le bilan monte à 13 morts, si l’on ajoute deux migrants fauchés par des camions, et la découverte du corps sans vie d’une femme vendredi 11 avril dans un campement de Loon-Plage, non loin de Dunkerque. Il s’agissait d’une « femme de nationalité soudanaise qui avait des problèmes de santé », a indiqué la procureure sans fournir d’autres précisions.
L’année 2024 a connu des records avec 78 migrants morts dans la Manche, selon l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim), et 82 d’après les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Dont au moins 14 enfants.
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