Afrique: La liberté de la presse mis à l’épreuve entre avancée de l’IA et difficulté économique

La journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée ce 03 mai en portant un accent particulier sur l’intelligence artificielle (IA) qui est en train de révolutionner les médias. En effet, les Nations Unies estiment que l’utilisation et le développement sans précédent de l’IA jouent aujourd’hui un rôle transformateur dans le journalisme, les médias et les droits humains, avec des conséquences imprévues.

Étant une journée de réflexion entre professionnels des médias sur les questions de liberté de la presse et d’éthique professionnelle, actuellement, l’urgence est d’instaurer une réflexion sur la question de l’IA, surtout en ce qui concerne le futur des médias. Il faut noter que son développement risque de mettre en péril certaines branches du métier.

Malgré ces changements, les valeurs fondamentales d’une presse libre, indépendante et pluraliste restent plus cruciales que jamais. Surtout dans un contexte où certains pays du continent font face à des assauts de la part des gouvernants.

Dès lors, il est important de souligner que la journée du 03 mai rappelle aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse.

Par ailleurs, cette édition coïncide avec la publication du classement mondial 2025 de Reporter Sans Frontière (RSF) publié le 02 mai. Ce classement met en lumière la fragilisation économique des médias qui selon RSF, constitue l’une des principales menaces pour la liberté de la presse.

Selon la même source, pour la première fois, la situation de la liberté de la presse devient « difficile » à l’échelle mondiale.

À l’en croire, les conditions d’exercice du journalisme sont difficiles voire très graves dans la moitié des pays du monde et satisfaisantes dans moins d’un pays sur quatre seulement.

En 2025, une nouvelle ligne rouge est franchie : le score moyen de l’ensemble des pays évalués passe sous la barre des 55 points (« situation difficile ») avec plus de six pays sur dix (112 au total) qui voient leur score reculer dans le Classement.

Malgré le bilan moins satisfaisant du classement RSF dans la région subsaharienne où « la liberté de la presse connaît un recul inquiétant avec un score économique qui s’est dégradé dans 80 % des pays de la région », le Sénégal (74e) peut s’estimer heureux.

Il gagne 20 places par rapport à sa 94e position en 2024. Une note assez bien perçue par RSF soulignant le fait que les « autorités ont lancé des chantiers de réformes économiques qui demandent à être menés avec concertation ».

Une situation contestée par les professionnels des médias du Sénégal qui subissent actuellement des pressions de l’État impliquant la fermeture de médias jugés non conformes au Code de la presse, des arrestations de journalistes et des contrôles fiscaux accrus.

Cependant, en République Démocratique du Congo (133e, – 10), où « l’indicateur économique dégringole, le paysage médiatique continue de se polariser et d’être réprimé à l’est du pays ». C’est aussi le cas dans d’autres contextes de guerre ou d’instabilité sécuritaire, comme au Burkina Faso (105e, – 19), au Soudan (156e, – 7) ou au Mali (119e, – 5), où « des rédactions sont contraintes à l’autocensure, à la fermeture ou à l’exil ».

RSF a aussi mis en exergue l’hyperconcentration de la propriété des médias aux mains de personnalités politiques ou du monde des affaires, sans garantie d’indépendance éditoriale, qui selon l’ONG est aussi récurrente. RSF a pris l’exemple du Cameroun (131e), du Nigéria (122e, – 10) et du Rwanda (146e).

Nonobstant tous les défis que font face les professionnels des médias, cette journée est l’occasion pour l’UNESCO qui a instauré cette journée « de rendre hommage à toutes celles et ceux qui mettent les faits en lumière, malgré le danger ».

« Ce n’est qu’à travers le journalisme que nous voyons l’image complète : une compréhension plus claire du monde, fondée sur les faits, l’indépendance et l’intégrité » a témoigné l’organisme.

allafrica

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