Méditerranée : plus de 160 migrants secourus par des navires humanitaires en une journée

Le Sea-Watch 5 et le Humanity 1 ont porté assistance, jeudi, à plus de 160 migrants en détresse en mer Méditerranée lors de trois opérations de sauvetage. Parmi les naufragés, cinq exilés interceptés par les gardes-côtes libyens ont sauté à l’eau en voyant au loin le Sea-Watch 5, terrorisés à l’idée « d’être renvoyés dans l’enfer libyen ». Ils ont pu être récupérés par l’ONG.

Le jeudi 1er mai a été chargé en Méditerranée centrale. Deux navires humanitaires ont effectué plusieurs opérations de sauvetage. La première a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi quand le Humanity 1, de l’ONG SOS Humanity, a secouru une « embarcation en fibre de verre avec neuf personnes à bord, sans gilets de sauvetage », indique l’équipage sur X.

Le canot a été repéré par les humanitaires depuis la passerelle du navire alors qu’ils venaient « à peine de terminer [leurs] entrainements ».

Une seconde embarcation est détectée quelques heures plus tard : « Un bateau en fibre de verre surchargé, sans équipement de sauvetage et avec une soixantaine de personnes à bord », ajoute l’ONG. Parmi les rescapés se trouvent plusieurs mineurs non accompagnés ainsi qu’un bébé.

Le même jour, le Sea-Watch 5, de l’ONG éponyme, a, quant à lui, porté assistance à un total de 109 personnes. Cent-quatre migrants, dont 41 mineurs, ont dans un premier temps été secourus dans une même embarcation.

Puis cinq autres personnes ont été récupérées directement dans l’eau alors que le navire humanitaire était à la recherche d’un autre canot en détresse.

Ces cinq migrants venaient d’être interceptés en mer par les gardes-côtes libyens et se trouvaient à bord de leur navire.

En voyant, le Sea-Watch 5 les cinq exilés ont sauté à l’eau « refusant d’être renvoyés dans l’enfer libyen », signale sur X Sea-Watch. « Nos bateaux de sauvetage se sont précipités sur place et ont pu sauver cinq autres personnes », affirme l’équipage.

Le Sea-Watch 5 et le Humanity 1 se dirigent désormais vers le port attribué par les autorités italiennes.

Le premier est en route vers Libourne, et le deuxième vers La Spezia, deux villes situées dans le nord du pays, à plus de 1 000 km de la zone de recherche et de sauvetage (SAR zone). Ce qui contraint les naufragés à passer plusieurs jours supplémentaires en mer, déplorent les ONG, et empêchent les humanitaires « de porter secours aux autres ».

De nombreuses arrivées à Lampedusa
Ces derniers jours, les traversées de la Méditerranée ont été nombreuses à la faveur d’une météo clémente. « Avec l’amélioration des conditions météorologiques, nous avons constaté une augmentation des traversées dangereuses en Méditerranée centrale ces derniers jours », a tweeté Frontex, le 30 avril. Entre le 26 et le 30 avril, 1 612 migrants sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa.

D’après les données officielles italiennes, pour l’ensemble du mois d’avril 2025, ils sont 6 300 migrants à avoir débarqués à Lampedusa. Avec un pic de 899 arrivées comptabilisées le 6 avril. Un chiffre plus élevé qu’en 2024 sur la même période (4 700).

La route migratoire passant par la Méditerranée centrale demeure la plus meurtrière au monde.

En 2024, un peu plus de 1 700 exilés sont morts dans cette zone maritime, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Et depuis janvier, ils sont déjà au moins 315 à avoir péri dans ces eaux en tentant de rejoindre l’Europe.

Mais ce chiffre pourrait être beaucoup plus élevé. De nombreuses embarcations disparaissent en mer sans laisser de traces, ce qu’on appelle les « naufrages invisibles ». Il n’est pas rare de retrouver des cadavres de migrants sur les rives tunisiennes et libyennes. Jeudi 1er mai, des corps ont été retrouvés sur une plage de Misrata, dans l’est de la Libye, par le Croissant-Rouge libyen, selon Reuters.

Par ailleurs, la plateforme d’aide aux migrants Alarm Phone, a alerté ces derniers jours sur le cas d’un canot de 50 migrants qui a coulé au large de la Tunisie.

« Seules quelques personnes ont survécu et ont été immédiatement déportées dans le désert », a affirmé l’organisation sur X le 1er mai.

Lorsque les exilés sont interceptés en mer par les autorités tunisiennes, ils risquent d’être envoyés dans les zones désertiques près de la frontière libyenne ou algérienne.

Depuis l’été 2023, ces opérations illégales se multiplient. Les migrants sont abandonnés au milieu de nulle part et doivent rejoindre à pied la première ville avec très peu d’eau et sans nourriture.

Le 17 mars, plus de 600 personnes ont disparu après avoir été interceptées en mer par les gardes-côtes tunisiens.

Elles n’étaient pas revenues dans les champs d’oliviers d’El-Amra, où d’immenses campements informels ont été érigés par les exilés chassés des centres-villes. InfoMigrants était parvenu à entrer en contact avec une soixantaine de ces exilés : ils se trouvaient alors à Tebessa, ville algérienne près de la frontière tunisienne, après avoir été lâchés dans le désert par les forces tunisiennes.

La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée.

La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

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