Les Travaillistes prévoient d’imposer des restrictions concernant la délivrance de visas de travail et de visas étudiants. Pourquoi ces trois nationalités sont-elles visées en particulier ? Parce qu’elles sont les plus susceptibles de rester après l’expiration de visa – pour ensuite déposer une demande d’asile, selon le gouvernement.
Le gouvernement britannique prévoit de restreindre les visas pour les ressortissants de pays comme le Pakistan, le Nigeria et le Sri Lanka, dans le cadre d’un durcissement de sa politique migratoire, a indiqué mardi 6 mai une source gouvernementale.
Confronté à la montée du parti anti-immigration Reform UK, le gouvernement travailliste de Keir Starmer doit présenter la semaine prochaine une feuille de route afin de réduire l’immigration nette, qui a atteint 728 000 personnes l’an dernier.
Londres prévoit d’imposer des restrictions concernant la délivrance de visas de travail et de visas étudiants à ces trois nationalités. Pourquoi ? Parce qu’elles sont les plus susceptibles de rester après l’expiration de leur titre de séjour – pour ensuite déposer une demande d’asile, selon les autorités.
« Pour lutter contre les abus de ressortissants étrangers […] nous dressons le profil de ces personnes afin de les identifier plus tôt et plus rapidement », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur. « Notre système de visas fait l’objet d’une surveillance constante et nous n’hésiterons pas à prendre des mesures si nous détectons des tendances susceptibles de porter atteinte à nos règles en matière d’immigration ».
Le Labour du Premier ministre a perdu du terrain la semaine dernière lors d’élections locales face au parti Reform UK de Nigel Farage, qui fait campagne notamment sur l’échec du gouvernement à faire baisser les arrivées de migrants traversant la Manche sur des embarcations de fortune.
Le secteur de la santé tributaire des travailleurs étrangers
Selon des chiffres officiels publiés le mois dernier, les demandes de visas de travail et de visas étudiants ont chuté de plus d’un tiers entre mars 2024 et mars 2025, passant de 1,24 million à 772 000.
La raison de ces chutes : l’ancien gouvernement conservateur de Rishi Sunak avait interdit le regroupement familial pour les étudiants et pour les travailleurs étrangers employés dans le secteur de la santé. Cette mesure phare n’a pas été retoquée par le nouveau gouvernement travailliste. De plus, pour obtenir un visa, Londres a aussi augmenté le niveau de salaire requis pour les travailleurs étrangers qualifiés.
Autre restriction : depuis le mois d’avril, les établissements de santé au Royaume-Uni doivent aussi puiser dans les effectifs de travailleurs étrangers au chômage qui se trouvent déjà dans le pays – avant d’en recruter d’autres dans les pays tiers.
Ces deux dernières années, le secteur de la santé britannique est devenu tributaire des travailleurs étrangers pour faire face au manque de personnel. Rien qu’à l’hôpital public anglais (HNS), un quart des employés vient de l’étranger.
Le NHS déplore actuellement 112 000 postes vacants, un chiffre qui atteindrait 360 000 en 2037.
Selon l’OCDE, le Royaume-Uni est l’un des pays développés les moins bien dotés en personnel médical, avec 3,2 médecins pour 1 000 habitants (contre 3,4 en France) et 8,7 infirmières pour 1 000 habitants (contre 11,3 en France).
Outre le domaine de la santé, les patrons de grands groupes installés au Royaume-Uni avaient interpellé l’ancien Premier ministre Rishi Sunak l’année dernière : ils redoutaient que ces politiques migratoires soient des freins à l’embauche et accélèrent la fuite des cerveaux vers d’autres pays comme les États-Unis ou le Canada.
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