Lors d’une opération de secours, l’ONG allemande ResQship a récupéré dimanche les corps sans vie de deux jeunes enfants d’un canot surchargé, à la dérive en mer Méditerranée. Selon les survivants, l’embarcation de fortune était partie de Libye trois jours plus tôt mais le moteur est rapidement tombé en panne. Les enfants sont « probablement morts de soif », a déclaré l’ONG.
C’est l’équipage du Nadir, le voilier humanitaire de l’ONG ResQship qui a fait la dramatique découverte. Dimanche 11 mai, en portant secours à une embarcation en détresse en Méditerranée, les membres de l’ONG ont récupéré les corps de deux enfants de 3 ans et 4 ans. « Ils étaient morts la veille, probablement de soif », a raconté Rania l’ambulancière du Nadir, dans un communiqué de l’organisation.
Une troisième personne est décédée après être tombée à l’eau, ont aussi raconté les rescapés. Une quatrième personne, un homme, est également mort après l’échec de sa réanimation par massage cardiaque.

Le reste des naufragés étaient dans un état très critique.
Sur les 62 migrants secourus par le Nadir, dont 17 femmes, deux bébés et deux adultes ont été évacués par les garde-côtes italiens venus prêter main forte au voilier. La vedette des autorités, arrivée à 20h45 sur les lieux, n’a pas pu ramener d’autres blessés, leur bateau étant « déjà au complet avec des survivants d’opérations précédentes ».
L’équipage du Nadir a donc passé « des heures à prodiguer des soins médicaux, à stabiliser autant que possible l’état des personnes touchées » avant d’arriver à Lampedusa. Beaucoup de migrants souffraient de brûlures chimiques dues au mélange du carburant et de l’eau de mer.
« Les femmes ont été particulièrement touchées, car elles étaient assises à l’intérieur du zodiac, là où le carburant s’accumule », a confié un médecin à bord du Nadir.
Les corps des victimes remis aux autorités italiennes
À 4 heures du matin, le voilier a enfin atteint l’île italienne. « Les survivants ont pu débarquer. Les corps des victimes ont été remis aux autorités », a précisé ResQship.
Ce n’est pas la première fois que de tels drames se produisent en Méditerranée lors des tentatives de traversées.
Les canots en bois, en fibre de verre ou en métal sont impropres à la navigation en haute mer, et peuvent dériver à cause de nombreuses avaries. Les occupants sont alors livrés aux intempéries et font face rapidement aux manques de vivres à bord. Beaucoup meurent de soif avant l’arrivée des secours.
Sur les canots en bois disposant de cales, des migrants peuvent aussi mourir d’intoxication après avoir respiré pendant de longues heures les effluves de carburant qui s’échappent du moteur. Enfin, beaucoup d’embarcations coulent également sans laisser de traces.
De nombreux enfants victimes de naufrages en Méditerranée
En décembre 2024, une fillette de 11 ans a été secourue en pleine mer par une ONG. Selon son témoignage, tous les occupants du canot ont été emportés par les vagues. Quarante quatre personnes se seraient noyées. La petite fille « flottait dans l’eau depuis trois jours avec deux gilets de sauvetage improvisés », a expliqué l’ONG qui l’a secourue.
L’enfant a aussi confié aux sauveteurs que l’embarcation en métal était partie de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, et qu’elle avait coulé dans une tempête.
Autre exemple, en mars 2024, au moins 60 personnes sont décédées pendant une traversée de la Méditerranée. Leurs corps ont été mis à l’eau. C’est ce qu’ont raconté les 25 survivants d’une embarcation secourue par le navire humanitaire Ocean Viking.
En 2022, six autres exilés étaient morts de soif sur une embarcation de fortune.
Trois enfants de un an, deux ans et 12 ans, figuraient parmi les victimes. Leurs corps ont aussi été abandonnés à la mer par les autres passagers.
Sauvetage du Humanity1
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie, indique un rapport publié mardi 15 avril par l’Unicef.
🔴Breaking: In a difficult rescue in international waters, the crew of our rescue ship #Humanity1 rescued 125 people yesterday evening. Italian authorities have assigned the over 1,500 km away distant port of #Ravenna, denying the survivors an immediate disembarkation. 1/3 pic.twitter.com/ASvxTRbvQ5
— SOS Humanity (international) (@soshumanity_en) May 10, 2025
Outre le Nadir, les opérations de secours se multiplient actuellement en mer à l’approche de l’été.
Le 10 mai, l’équipe du Humanity1 a porté assistance à 125 personnes en détresse en Méditerranée centrale. « Les autorités italiennes ont assigné le port de Ravenne, distant de plus de 1 500 km, refusant aux survivants un débarquement immédiat », a écrit l’ONG allemande SOS Humanity sur X.
Depuis 2014, date des premiers recensements de l’Organisation internationale des migrations (OIM), plus de 24 000 exilés ont péri en Méditerranée centrale. Et depuis le début de l’année 2025, 316 personnes sont déjà mortes dans cette zone maritime.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée.
La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.
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