Après avoir passé plusieurs heures la veille à s’invectiver mutuellement à distance, Donald Trump et Elon Musk ont évité vendredi de faire de nouvelles déclarations publiques fracassantes. L’heure ne semble cependant pas à la réconciliation. Le président américain « n’a pas l’intention de parler à Musk aujourd’hui », a indiqué un responsable de la Maison Blanche, et envisage même de vendre sa Tesla rouge achetée en mars devant des caméras.
Aucune réconciliation en vue. Après s’être entre-déchirés publiquement jeudi,
Donald Trump et Elon Musk ne semblent pas près, vendredi 6 juin, de se rabibocher, alors que le président américain fait monter une petite musique sur l’instabilité psychologique de l’entrepreneur.
La rupture entre le président de la première puissance mondiale et l’homme le plus riche de la planète, qui a captivé le monde à la manière d’une émission de téléréalité voyeuriste, pourrait être porteuse de lourdes conséquences politiques et économiques.
Donald Trump n’a pas saisi vendredi la main tendue par le patron de Tesla et SpaceX, qui voulait un échange téléphonique. « Le président n’a pas l’intention de parler à Musk aujourd’hui », a déclaré à l’AFP un responsable de la Maison Blanche sous couvert de l’anonymat.
Le milliardaire républicain a en revanche parlé avec plusieurs journalistes de la télévision américaine. À CBS, il a assuré être « totalement concentré » sur son action présidentielle, « rien d’autre ».
Une journaliste de CNN, qui a également parlé au président de 78 ans, indique qu’il lui a dit : « Je ne pense même pas à Elon en ce moment. Il a un problème. Ce pauvre homme a un problème. »
Et un présentateur de Fox News a lui rapporte d’autres propos de Donald Trump : « Elon a complètement perdu les pédales. »
Bras de fer à risque pour les deux hommes
Donald Trump a fait savoir, par le biais d’un haut responsable anonyme, qu’il pourrait vendre une Tesla rouge achetée devant les caméras en mars pour manifester son soutien à la marque.
En distillant ces informations, le président américain cherche clairement à se montrer en position de force, après la scène de ménage inouïe menée à coups de messages rageurs sur Internet.
Difficile de savoir qui a le plus à perdre des deux hommes, dont chacun est sans doute persuadé d’avoir l’ascendant sur l’autre.
L’homme d’affaires multimilliardaire, qui a très généreusement financé la campagne du républicain en 2024, assure que « Trump aurait perdu l’élection » sans lui et l’accuse d' »ingratitude ».
Il a aussi affirmé, sans apporter de preuve, que le nom du président se trouvait dans le dossier Jeffrey Epstein, ce financier américain au cœur d’un vaste scandale de crimes et d’exploitation sexuels qui s’est suicidé en prison avant d’être jugé – des accusations « regrettables » pour la Maison Blanche.
L’avenir du constructeur dépend beaucoup des décisions de régulation que prendra le gouvernement, souligne pour l’AFP Dan Ives, analyste chez Wedbush, qui estime que cette « querelle de collégiens » finira en « trêve », sans réel gagnant ni perdant. Elon Musk « ne peut pas se permettre d’avoir un ennemi » à la Maison Blanche, souligne-t-il.
L’entrepreneur pilote aussi, avec SpaceX, d’énormes contrats du gouvernement fédéral, ce qui le rend vulnérable, mais lui confère également un réel pouvoir, parce que les États-Unis lui ont confié des compétences sensibles.
Donald Trump bénéficie d’une assise politique sans commune mesure avec celle de son impopulaire ancien allié. Il a aussi montré récemment qu’il n’hésitait pas à lancer le ministère de la Justice contre ses opposants.
Pour le Parti républicain, fermement rangé derrière le président, la perte potentielle du plus gros donateur de l’histoire politique américaine est toutefois une perspective inconfortable, à un peu plus d’un an des élections parlementaires de mi-mandat.
Le patron républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson y est allé sur la chaîne CNBC de sa petite pique : « Je ne dis pas à Elon comment construire des fusées, j’aimerais qu’il ne m’explique pas comment faire des lois. » Avant d’ajouter : « J’espère que tout s’arrangera. »
AFP