Des chercheurs américains ont récemment réalisé plusieurs modélisations qui pointent vers un bouleversement massif des climats océaniques, ce qui aurait un impact considérable sur les écosystèmes marins.
Les océans sont aujourd’hui le théâtre d’une dynamique terrifiante; cela fait des années que les scientifiques assistent impuissants au réchauffement et à l’acidification de cet écosystème si important. Ces deux phénomènes font partie d’un ensemble de facteurs qui impactent grandement la biodiversité Et les dernières nouvelles en date ne sont guère plus rassurantes.
Dans une étude récente, une équipe de chercheurs américains estime que la majorité de la surface de l’océan pourrait subir des changements climatiques extrêmes d’ici à 2100. Selon les scénarios les plus pessimistes, la majorité de la surface des océans pourrait même disparaître d’ici là. Deux prédictions qui pourraient avoir des conséquences terribles, notamment sur la biodiversité locale.
Les climats océaniques, composante clé des écosystèmes marins
Pour obtenir ces modèles, les chercheurs se basent sur plusieurs paramètres physiques et chimiques qui définissent le climat océanique. La première, c’est sa température saisonnière, qui est une vraie force motrice de la biodiversité. Elle influence directement le métabolisme de la faune et de la flore. Si elle varie trop, la majorité des espèces peuvent subir des conséquences dramatiques.
Les autres facteurs sont le pH, et une autre notion plus complexe, la saturation de l’aragonite. Lorsque le pH change trop, cela introduit de nombreux déséquilibres dans le métabolisme de certaines espèces, notamment des poissons. Cela peut avoir de nombreuses conséquences allant jusqu’à des modifications au niveau des neurotransmetteurs, et des changements comportementaux. Sans rentrer dans le détail (voir ici pour plus de précisions), la saturation de l’aragonite, est directement liée à ces deux autres valeurs; elle joue entre autres un rôle fondamental dans le développement de nombreux mollusques, notamment des bivalves comme les moules ou les huîtres.
Des modélisations discutables, mais une tendance bien réelle
Les chercheurs les ont ensuite recoupés avec de nombreux relevés du CO2 atmosphérique afin de proposer plusieurs modélisations des climats océaniques de 1800 à 2100. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que même les scénarios les plus optimistes font froid dans le dos. 10 à 82% de la surface de l’océan pourrait subir des changements climatiques extrêmes d’ici à 2100. 35 à 95% de la surface des océans pourrait même disparaître d’ici là, selon le niveau de pessimisme du scénario choisi. Il convient cependant de prendre ces chiffres avec des pincettes; en effet, il ne s’agit que de modélisations, qui dépendent entièrement des données fournies par les chercheurs. Or, celles-ci seront forcément incomplètes; c’est d’autant plus vrai avant les années 1980, où nous ne disposons que de bribes d’informations. Les modélisations qui se basent dessus devront donc être complétées à l’aide de données obtenues de façon empirique.
Mais cela ne signifie pas que cette étude n’a pas d’intérêt, loin de là. Ce qu’il faut en retenir, c’est davantage la tendance qui s’en dégage plutôt que les chiffres précis recrachés par l’ordinateur. Le cas échéant, de nombreuses espèces ne pourront tout simplement pas évoluer suffisamment vite pour que ses individus puissent être adaptés à ces nouveaux climats; elles devront alors coloniser de nouveaux habitats, sous peine de s’éteindre. Un scénario qui bouleverserait entièrement toute la dynamique des différents écosystèmes qu’abritent les océans. Ce triste présage est malheureusement cohérent avec de nombreux autres travaux sur l’acidification et le réchauffement des océans, dont on sait qu’ils ont déjà causé de gigantesques extinctions par le passé.
Source: futura