JO-2024: des syndicats dénoncent l’impossibilité de visiter les chantiers

Une délégation de plusieurs syndicats, français et internationaux, a été reçue lundi matin par la Solideo, la société chargée de livrer les ouvrages olympiques pour les JO de Paris dans trois ans, notamment pour dénoncer l’impossibilité de visiter les chantiers.

« Nous avons déjà visité des chantiers au Qatar pour la Coupe du monde, et nous avons d’autres visites prévues. Et ici, aucune », regrettait le Philippin Ambet Yuson, secrétaire général de l’IBB, syndicat international des travailleurs du bois et de la construction basé à Genève, avant la rencontre avec des cadres de la Solideo.

« On est très loin du modèle qatari et dans un dialogue social à la française de qualité », a rétorqué la Solideo à l’AFP.

Accompagnée de responsables syndicaux roumains et ukrainiens, la délégation, reçue à la maison du projet Solideo à Saint-Denis, a également plaidé pour avoir plus d’informations concernant la part de travailleurs détachés susceptibles d’intervenir sur les différents chantiers.

« On ne sait rien, ni quelle société travaille sur tel ou tel chantier, ni sur les détachés », assure Jean-Pascal François, administrateur de la CGT-Construction.

« Ils nous disent qu’il n’y a pour l’instant aucun travailleur détaché, mais bon, nous avons des doutes. C’est difficile parce qu’ils ne communiquent aucun chiffre », a estimé Geneviève Kalina, directrice de la communication de l’IBB.

« Les informations sur les travailleurs détachés sont transmises à l’Etat, et jusqu’ici nous n’avons aucune information sur la présence de travailleurs détachés sur les chantiers », a affirmé la Solideo.

« Chantiers hyper-sensibles »

Cette question sensible fait l’objet d’une attention particulière au sein du comité d’organisation des JO de Paris qui a adopté une charte sociale en 2018, une première pour un comité d’organisation.

Nicolas Ferrand, le directeur général de Solideo (droite), aux côtés du Premier ministre français Jean Castex, lors d'une visite du chantier du futur village olympique à Saint-Denis, le 15 novembre 2021.

Nicolas Ferrand, le directeur général de Solideo (droite), aux côtés du Premier ministre français Jean Castex, lors d’une visite du chantier du futur village olympique à Saint-Denis, le 15 novembre 2021.
 Thomas SAMSON AFP/Archives

« C’est très bien, mais il faut vérifier que la charte soit respectée. Ça a été une promenade cordiale ce matin, mais bon, on n’a pas obtenu de réponse sur notre demande de pouvoir visiter les chantiers. On nous répond que ce sont des chantiers hyper-sensibles et qu’à ce titre, on ne peut pas laisser rentrer n’importe qui », explique Jean-Pascal François.

« Comment peut-on visiter le Qatar et pas ici? C’est incompréhensible », a ajouté Geneviève Kalina.

« Nos chantiers sont accessibles selon des modalités négociées avec le comité de la charte qui réunit entreprises et syndicats. Le travail avec ce comité nous permet de renforcer le dialogue social. Les conditions d’accessibilité vont évoluer », a expliqué la Solideo.

Sur les 3,6 milliards d’euros du budget de la Solideo, près de 1,55 milliard proviennent de l’argent public. La Solideo doit livrer 62 ouvrages olympiques d’ici à deux ans.

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