L’ancien sénateur du Kansas Bob Dole, candidat malheureux du Parti républicain à l’élection présidentielle américaine de 1996, est décédé dimanche à l’âge de 98 ans, a annoncé la Fondation Elizabeth Dole, du nom de son épouse.
Figure de la politique américaine et candidat malheureux à la Maison Blanche en 1996, l’ex-sénateur républicain Bob Dole est mort dans son sommeil, dimanche 5 décembre, à l’âge de 98 ans, la nouvelle déclenchant un afflux d’hommages à ce « héros de guerre » ayant incarné les valeurs de l’Amérique profonde.
Ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, trois fois candidat à l’investiture républicaine, il s’était finalement lancé dans la course à la présidence en 1996, mais fut battu par le président sortant, Bill Clinton.
Peu après l’annonce de sa mort par la fondation de sa femme Elizabeth Dole, l’actuel président Joe Biden a salué un « homme d’État américain comme il y en a peu dans notre histoire », « un héros de guerre », mais aussi « un ami » ayant « un sens de l’honneur et de l’intégrité infaillible ». Il a ordonné de mettre tous les drapeaux fédéraux en berne jusqu’à jeudi.
« L’Amérique a perdu l’un de ses héros, notre famille a perdu son roc », a déclaré la famille Dole dans un communiqué. En février, l’ancien sénateur avait annoncé être atteint d’un cancer avancé des poumons.
Le monde politique a abondamment rendu hommage à un homme qui, selon l’ancien secrétaire d’État Mike Pompeo, « croyait à la singularité de l’Amérique de tout son cœur ».
« Tous ceux qui voyaient Bob Dole en action admiraient forcément son caractère et son profond patriotisme », a estimé le chef des Républicains au Sénat, Mitch McConnell.
Pluie d’hommages
Pour l’ex-président Donald Trump, Bob Dole était « un héros de guerre américain et un vrai patriote », qui « a servi le grand État du Kansas avec honneur et rendu le parti républicain plus fort ».
De l’autre côté du spectre politique, Barack Obama a évoqué sur Twitter « un héros de guerre, un leader politique, et un homme d’État » dont la génération plaçait « le pays au-dessus du parti ».
Le sénateur Bernie Sanders, une figure de la gauche, a salué un homme ayant « servi son pays avec courage sur le champ de bataille et avec dignité au Sénat ».
La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a ordonné la mise en berne des drapeaux du Capitole en l’honneur de cet « homme de parole » qui « personnifiait le courage et l’excellence dans la fonction publique ».
Bob Dole, écarté par Ronald Reagan en 1980 dans la bataille pour la candidature républicaine, puis par George Bush père en 1988, persiste et l’emporte enfin en 1996.
Face au jeune Clinton, Bob Dole incarnait les préceptes de l’Amérique rurale d’avant les années 1960 : famille, religion, patriotisme, intégrité, pudeur, travail et respect de la parole donnée. Le président sortant s’imposera facilement face à cet homme de 73 ans qui semblait dépassé à l’ère de la politique télévisée.
Pendant la campagne, le républicain, qui disait avoir « subi des épreuves » et n’avoir « pas peur de diriger », avait notamment reproché au démocrate d’avoir offensé l’armée en voulant ouvrir ses portes aux homosexuels.
Héros de la Seconde Guerre mondiale
Vingt ans auparavant, Bob Dole avait déjà perdu l’élection présidentielle de 1976, cette fois en tant que candidat à la vice-présidence, aux côtés de Gerald Ford.
Né le 22 juillet 1923, Robert Joseph Dole a grandi à Russell, une petite ville du Kansas. Rentré médaillé mais grièvement blessé de la Seconde Guerre mondiale, il subit opération sur opération pendant trois ans. Au prix d’une ténacité exceptionnelle, il réapprend à marcher et retrouve la maîtrise de son corps, à l’exception du bras droit.
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Les habitants de Russell se cotisent pour payer ses opérations, comme ils se rallient autour du jeune avocat qu’il est devenu et qui entre en politique en 1952.
Il est élu au Congrès en 1961, d’abord en tant que représentant, puis sénateur du Kansas, entamant une carrière parlementaire de 35 ans. Au Sénat, cet homme élancé et toujours bronzé, au regard noir perçant, se fait connaître pour sa maîtrise de la négociation et de l’art du compromis, mais aussi pour son humour.
« Il a obtenu à la fois des victoires conservatrices et de grandes avancées réunissant les deux partis », a déclaré dimanche Mitch McConnell, le qualifiant de « leader constant et maître en matière législative ».
À la retraite, Bob Dole a continué à s’attaquer aux démocrates, combattant notamment le projet de réforme de l’assurance maladie de Barack Obama.
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