Une Youtubeuse a été condamnée jeudi à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir insulté et traité de «vendu» et de «traître» un policier noir, lors d’une manifestation en juin 2020 qui rendait hommage à Adama Traoré. Nadjélika Bamba, jugée en son absence le 6 octobre, a été reconnue coupable jeudi d’«outrage aggravé envers une personne dépositaire de l’autorité publique» lors d’une manifestation le 2 juin 2020 dénonçant les violences policières.
La Youtubeuse, désormais âgée de 25 ans et suivie par plus de 570.000 abonnés, avait tenu des propos insultants et traité de «vendu» et de «traître» un policier noir en service. Ce dernier avait porté plainte contre la jeune femme et s’est porté partie civile du procès. Une vidéo avait été diffusée sur les réseaux sociaux : «La honte ! C’est la honte sur vous tous, mais surtout sur toi ! Honte sur toi ! Vendu ! T’es de leur côté ! Traître !», criait la jeune femme, en pointant du doigt le policier, impassible.
«Des faits inadmissibles»
Ce jour-là, des milliers de personnes s’étaient rassemblées devant le tribunal judiciaire de Paris pour manifester contre les violences policières et rendre hommage à Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans décédé le 19 juillet 2016 suite à son interpellation par des gendarmes. La prise à partie du gardien de la paix, «accompagnée d’une gestuelle de haine» et «au sein d’une foule entraînée à répéter les invectives», a été considérée par le tribunal comme une «attaque portant atteinte à l’ordre public et aux règles de vivre ensemble». La jeune femme est également condamnée à verser 1500 euros de dommages et intérêts au policier au titre du préjudice moral, et 1600 euros pour ses frais de justice.
Le procès avait été reporté deux fois. Contestant, depuis le départ, la citation à comparaître de Nadjélika Bamba, ni l’intéressée ni son avocat Me Arié Alimi n’étaient présents à l’audience. «Cette décision n’existe pas pour nous», a réagi Me Alimi après le prononcé du jugement. «Le parquet a organisé une audience sans convoquer ma cliente dont il connaissait l’adresse, il n’y a donc eu ni audience ni décision pour nous», a-t-il assuré. Les avocats du policier, Sandra Chirac Kollaric et Pascal Rouiller, ont salué une décision qu’ils jugent «à la hauteur des faits inadmissibles».
1 Commentaire