Jadis doux comme… le coton, le chef de l’Etat béninois, Patrice Talon est aujourd’hui plus dur que le béton, qui écrase tout sur son passage. Même des femmes comme Reckya Madougou, dont la seule faute a été de vouloir lui arracher, démocratiquement, son fauteuil présidentiel, n’a pas échappé au caractère « dur et vindicatif » de celui qui avait promis monts et merveilles lorsqu’il voulait accéder au pouvoir.
Patrice Talon est le Président du Bénin, pour ceux qui ne le connaissent pas. Né en 1958, donc avant les indépendances, celui qui connait les réalités de ce pays d’Afrique de l’Ouest, pour être né dans la commune béninoise de Ouidah, a fait fortune dans l’égrenage du coton. Est-ce le coton qui a fini par déteindre sur l’homme qui, lors de la Présidentielle de 2016 qu’il briguait, était plus doux qu’un agneau ? C’est en tout cas sous un manteau de sauveur, de futur père diligent de la Nation qu’il s’est présenté aux Béninois pour briguer leurs suffrages.
Convaincus de la bonne foi de Patrice Talon et de son sens des affaires, les Béninois l’ont choisi pour présider leurs destinées. Sans se douter que c’était le début d’une vie cauchemardesque, du moins pour nombre d’entre eux. Aucun doute que le natif de Ouidah a le sens des affaires et maîtrise la bonne gestion, car il a su maintenir la tête du Bénin hors de l’eau, lorsque le Nigeria a tenté de l’étouffer économiquement, en fermant ses frontières, alors que les Béninois dépendaient quasiment de ce pays anglophone. Patrice Talon a su restaurer un équilibre économique.
En chef de famille, Patrice Talon a su mettre en place des mécanismes qui ont évité aux Béninois la déroute économique qu’allait leur faire subir Abuja. Seulement, ce chef de famille, aussi prévoyant soit-il, a une autre casquette : celle de tyran. Présenté comme « dur et vindicatif », le chef de l’Etat béninois pose des actes allant dans le sens de déstabiliser l’embarcation nommée « Bénin » dont il tient aujourd’hui les commandes et qu’il avait pourtant réussi à stabiliser avec brio.
Patrice Talon, ce chef d’entreprise devenu chef de l’Etat, malheureusement, semble avoir les jambes plus frêles que le monde entier ne pouvait l’imaginer. Celui qui s’est battu corps et âme dans le domaine commercial, qui a brillamment décroché une place de choix au sein du système économique béninois, à la sueur de son front, avec son courage en bandoulière, au point de devenir l’un des plus riches hommes d’affaires de ce pays, ne semble pas avoir le même courage en politique.
En lieu et place de faire face à ses adversaires politiques, et les battre avec la manière, car il en a les capacités et les moyens, financiers comme humains, Patrice Talon préfère jouer la carte des faibles. La carte des lâches. Car, s’il va jusqu’à jeter en prison une femme, en la personne de Reckya Madougou, dont la seule faute a été d’avoir cherché à le remplacer au poste de président de la République du Bénin, aucun qualificatif n’est alors de trop pour désigner Patrice Talon.
Il est clair que le Bénin est dirigé par un homme aux jambes très frêles, incapable de faire face à une femme qui, elle, a eu le courage d’enlever son foulard pour l’attacher à sa taille et foncer sur le Président de l’époque, pour tenter de le détrôner. Non contente de sa gestion, Reckya Madougou voulait tenter de relever le défi de diriger le Bénin. Il appartenait, en tant que gentleman, à Patrice Talon, de faire face à son challenger.
Comme l’avait fait son prédécesseur, Boni Yayi, Talon devait affronter Reckya Madougou, non pas avec la force judiciaire qu’il détient, mais avec les idées et des actes, pour ensuite laisser le soin aux Béninois de juger pour déterminer, à l’issue d’un scrutin présidentiel juste et équitable, qui avait le meilleur profil pour diriger leur pays. Patrice Talon a tout bonnement préféré éviter les débats d’idées et d’idéologies, pour adopter une posture qui continue d’étonner plus d’un.
Il a en effet fait arrêter ses différents challengers à cette dernière élection présidentielle : Joël Aïvo et Reckya Madougou. Deux arrestations décriées à travers le monde entier. Mais celle qui ne passe pas, est la mise aux arrêts de Reckya Madougou, attendue ce vendredi 10 décembre 2021, devant le juge de la CRIET, Mario Mètonou. Son seul tort a été d’avoir été candidate à la Présidentielle béninoise. Aidé par le chef de l’Etat, le juge Mètonou, qui a déjà ligoté la dame, va tenter d’achever la volonté du Président d’exécuter cette adversaire politique.
Deux hommes contre une femme pour un combat inédit qui se joue au Bénin. Le monde entier a aujourd’hui les yeux rivés sur le Bénin. Citoyens lambda, hommes d’affaires, hommes politiques, organismes de défenses des droits de l’Homme, les femmes du monde entier ont ouvert les yeux pour voir comment se déroulera ce combat judiciaire, plus qu’inégal. Puisqu’il se joue entre deux hommes, utilisant des moyens colossaux, ceux de l’Etat, pour tenter d’anéantir une femme sans défense. L’histoire retiendra.
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