Principal parti d’opposition de Gambie, le Parti démocrate uni (UDP) de l’opposant Ousainou Darboe a déposé, ce mardi, une requête auprès de la Cour suprême du pays, pour contester officiellement les résultats de l’élection présidentielle du 4 décembre qui a conféré un second mandat à Adama Barrow.
Le parti de Darboe a annoncé avoir demandé à la Cour suprême d’annuler les résultats, pour ce qu’il qualifie de « corruption et de pots-de-vin ayant entaché la campagne ». Selon le parti de Darboe, le président Adama Barrow et des membres de son Parti national populaire (NPP) ont soudoyé des électeurs en leur donnant de l’argent, des ustensiles de cuisine et des décortiqueuses.
Sans fournir une quelconque preuve à la commission d’un acte répréhensible par le président sortant, la pétition de l’opposition soumise à la Cour suprême indique aussi qu’Adama Barrow et les membres de son parti ont promis beaucoup d’argent aux chefs coutumiers, en échange des votes de leurs constituants pendant la campagne électorale. La pétition d’Ousainou Darboe fait également valoir que l’élection « devrait être invalidée, parce que de nombreux ressortissants étrangers auraient voté ». Là aussi, sans montrer de preuves.
Adama Barrow a remporté 53 % des voix du scrutin du 4 décembre dernier, loin devant les 27,7 % obtenus par son mentor politique Ousainou Darboe. Cinq ans plus tôt, Barrow avait obtenu une victoire électorale probante en 2016, mettant fin à plus de 20 ans de dictature du régime de Yahya Jammeh.
Les observateurs électoraux de l’Union africaine ont déclaré que l’élection du 4 décembre s’est déroulée conformément aux normes internationales. Les observateurs de l’Union européenne ont salué la transparence du vote et du dépouillement. Les États-Unis ont également accordé leur bénédiction, affirmant que les observateurs n’avaient noté que des irrégularités « mineures ».
La Cour à 30 jours pour trancher
L’opposition avait le droit de défier les résultats devant la Cour suprême dans un délai de 10 jours. Le tribunal dispose désormais de 30 jours ouvrables, à compter du début des audiences, pour rendre sa décision. Observateur pendant plus d’une vingtaine d’années de la politique en Gambie, le journaliste et analyste Dida Halake soutient que « la pétition de l’UDP est académique ».
Selon lui, la Commission électorale indépendante a déjà déclaré le vainqueur du scrutin. Or, souligne-t-il, « l’UDP, dans sa pétition à la Cour suprême, ne conteste pas l’organisation et la conduite de l’élection par la commission. Les griefs formulés par l’UDP, qui auraient dû être adressés contre la CEI avant les élections, ne sont pas des motifs valables pour que la Cour suprême envisage même une recevabilité du recours de l’UDP pour annuler les élections ».
Pour Dida Halake, on va tout droit vers un « jugement sommaire avec un rejet du recours de l’UDP ».
En attendant, les préparatifs pour la cérémonie de prestation de serment de Barrow, le 19 janvier, sont en cours et continuent comme si de rien n’était.
Le vote du 4 décembre dernier est la première élection en Gambie, depuis que l’ancien président Yahya Jammeh s’est exilé en Guinée équatoriale en janvier 2017.
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