Grindr écope d’une amende record pour partage illégal de données

L’application de rencontre LGBTQA+ est de nouveau dans le viseur de la justice pour avoir illégalement partagé des éléments de profils privés appartenant à ses utilisateurs et utilisatrices.

Coup dur pour Grindr. Cette semaine, l’application de rencontre dédiée à la communauté LGBTQA+ a écopé d’une amende record de 65 millions de couronnes — soit environ 6,3 millions d’euros — par les législateurs norvégiens. En cause : un partage de données jugé illégal concernant ses utilisateurs et utilisatrices, le tout dans un objectif de marketing ciblé, précise le chef de l’Autorité norvégienne de protection des données Bjorn Erik Thon, dans un communiqué.

Si Grindr se présente depuis déjà plusieurs années comme l’alternative à Tinder “pour les personnes gays, bi, trans et queer”, la plateforme est aussi accusée d’avoir partagé certaines données sensibles avec des annonceurs, depuis les coordonnées GPS de ses abonnés, jusqu’à leur âge, sexe et autres informations a priori confidentielles. Pour les régulateurs norvégiens, le simple fait de révéler qu’un utilisateur utilise l’application donnait déjà des informations trop précises sur ses préférences sexuelles : “Nous considérons que les informations indiquant qu’une personne est un utilisateur de Grindr constituent une catégorie particulière de données personnelles car elles laissent fortement entendre une appartenance à une minorité sexuelle”.

Le RGPD à l’assaut de Grindr

En l’absence d’informations claires et explicites à destination des utilisateurs, et au vu du type de données sensibles partagées, l’Autorité norvégienne de protection des données Datatilsynet estime aujourd’hui que l’attitude de Grindr viole le RGPD (Régime général sur la protection des données), adopté en Europe depuis 2018.

Saisi en janvier dernier par une association de consommateurs, Datatilsynet avait déjà menacé Grindr d’une amende de 100 millions de couronnes (9,88 millions d’euros). Sommée de changer son fusil d’épaule, la plateforme avait quant à elle fait savoir que les faits reprochés par l’autorité norvégienne étaient antérieurs à avril 2020, date à laquelle elle avait déjà changé ses conditions d’utilisation. Dans une déclaration accordée à l’AFP, un responsable de l’entreprise Shane Wiley explique : “Même si Datatilsynet a abaissé l’amende par rapport à sa lettre précédente, elle s’appuie sur des conclusions erronées et s’aventure en terrain juridique inconnu. L’amende proposée est donc toujours totalement disproportionnée”.

Passé les trois semaines de délais pour faire appel de la décision de justice norvégienne, Grindr devra ainsi s’acquitter d’une amende record. De leur côté, les plaignants se sont unanimement félicités de la décision prise par Datatilsynet, et dénoncent une “collecte et vente des données personnelles totalement hors de contrôle”.

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