Plusieurs médecins tirent la sonnette d’alarme pour les fêtes de fin d’année. « On est inquiets », assure le docteur Edouard Obadia, médecin réanimateur à l’hôpital Claude Gallien de Quincy-sous-Sénart, dans l’Essonne, ce dimanche sur le plateau de BFMTV, alors que la 5e vague de Covid-19 continue d’exercer une pression croissante sur les hôpitaux français. De quoi laisser craindre un renforcement des mesures contraignantes dans les prochaines semaines, selon certains professionnels de santé.
Les hôpitaux « déjà en tension maximale »
La situation des hôpitaux français se montre préoccupante, selon le docteur Edouard Obadia. « Notre service de santé est déjà en tension maximale. (…) On est dans une phase extrêmement critique en France », met-il en garde, à l’approche des fêtes.
« Nous avons à faire face déjà depuis quelques semaines à une recrudescence des patients en médecine et dans les services de soins critiques de réanimation », s’inquiète le docteur Edouard Obadia.
Le nombre de patients atteints du Covid-19 est en effet reparti à la hausse fin novembre. Les services de réanimation continuent de se remplir, jusqu’à atteindre actuellement 2933 patients en soins critiques, selon des chiffres publiés samedi par Santé publique France. Le nombre de patients hospitalisés est également en augmentation. Depuis un mois, le chiffre a presque doublé (+97%) avec 15.370 patients à l’hôpital actuellement.
« Nous allons connaître des niveaux de contamination jamais atteints »
L’épidémie pourrait en outre s’aggraver dans les prochaines semaines, en raison du variant Omicron. « Il y a des centaines de cas (du variant) qui ont été détectés, mais on suppose qu’il est largement plus représenté en France », prévient l’épidémiologiste Jonathan Roux ce dimanche sur BFMTV.
« Le nombre de cas de variant Omicron double tous les 2 à 3 jours » dans les autres pays européens, explique-t-il. « Ce qui est un rythme extrêmement rapide donc on pense qu’il peut prendre la place de Delta progressivement et être majoritaire en fin d’année, voire en tout début d’année prochaine », prévoit l’épidémiologiste.
« Nous allons probablement connaître des niveaux de contamination jamais atteints » en janvier, s’inquiète Mahmoud Zureik, épidémiologiste dans le JDD. « Le système de soins risque d’être sous tension extrême » et « le pays pourrait être paralysé si les métiers en première ligne, comme les caissiers, ne sont plus assurés », explique-t-il.
Des mesures plus fortes « prochainement dans l’urgence » ?
Face à cette croissance du virus en France et en Europe, nombre de nos voisins ont décidé d’agir. Les Pays-Bas ont notamment décrété une nouvelle période de confinement, avec restaurants et salles de cinéma fermés à partir de ce dimanche et jusqu’au 14 janvier.
Pour certains médecins, l’Hexagone pourrait bientôt lui aussi donner un nouveau tour de vis. « Il faut commencer dès maintenant à peut-être être prêt à mettre des mesures un peu plus fortes que seulement les rappels vaccinaux », prévient ainsi Jonathan Roux.
« Il n’y a aucune raison que ce qui se passe au Royaume-Uni ne se passe pas un peu plus tard chez nous, donc on craint que pour limiter la propagation du virus il faille prendre de mesures qui soient plus contraignantes que celles qui sont prises jusqu’à maintenant », assure lui aussi le professeur Xavier Monnet, chef adjoint du service de médecin intensive à l’hôpital Bicêtre, dans le Val-de-Marne, sur BFMTV.
« Le virus ne connaît ni le père Noël, ni la Saint-Sylvestre »
Adoptant un regard sévère sur les mesures annoncées par le gouvernement à l’issue du dernier Conseil de défense sanitaire lundi, l’épidémiologiste Mahmoud Zureik parle de décisions « très timides » décidées « probablement » pour ne pas « entraver les fêtes ».
« Le virus ne connaît ni le père Noël, ni la Saint-Sylvestre », rappelle-t-il cependant. « Les restrictions qui n’ont pas été adoptées cette semaine, comme le couvre-feu voulu par le conseil scientifique pour le Nouvel An, ou le prolongement des vacances scolaires, risquent d’être annoncées prochainement dans l’urgence, avec des conditions sanitaires plus dégradées ».
La progression du variant Omicron inquiète un peu partout en Europe à l’approche des fêtes de fin d’année et de ses habituels rassemblements familiaux et amicaux. Mais ce dimanche, le gouvernement maintient sa ligne: à savoir tout miser sur la vaccination. Sur notre antenne, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a assuré que l’exécutif « fer(ait) tout » pour éviter un nouveau confinement. « Nous voulons évidemment éviter aux Français un nouvel épisode de confinement ou de restrictions fortes », a-t-il affirmé.