Du Gabon au Sénégal, l’histoire du café Touba, la boisson « bénite »

Il tire son nom de la ville sainte de Touba, fief du mouridisme, située à 194 kilomètres à l’Est de la capitale sénégalaise, Dakar. Traditionnellement consommé au sein de la confrérie des Mourides, le « Café Touba » aurait été ramené par son fondateur, Cheikh Amadou Bamba, à son retour d’exil du Gabon, le 11 novembre 1902. Considéré comme béni par Serigne Touba, il se vend un peu partout aujourd’hui dans les différentes villes du Sénégal et même dans d’autres pays du monde où vivent des communautés sénégalaises.

Le « café Touba » n’est pas une boisson comme les autres au Sénégal. Avec bientôt 120 ans d’existence au pays de la Téranga, il a d’abord été consommé comme « café saaf » (café torréfié). Il était servi en particulier au cours des cérémonies, commémorations ou Magal (pèlerinage). C’est plus tard que sa consommation s’étend dans tout le Sénégal sous l’appellation de « café Touba ». Dans le métier de vente de la boisson chaude, Seydina Aliou Diedhiou, nous fait connaître davantage ce café, qu’il importe aujourd’hui de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, entre autres pays.

« Le café Touba est une boisson chaude qu’on peut boire à tous les moments de la journée et même pendant la nuit. C’est le cadeau de Serigne Touba, qui l’a ramené de son exil du Gabon, il y a une centaine d’années. Aujourd’hui, nous l’importons généralement de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau… Ensuite, nous le nettoyons pour enlever toutes les impuretés et nous le mettons à sécher au soleil. Après l’avoir séché, nous le grillons au feu, avant de le mélanger avec le diar (baies de Selim) et khoromepollé (clou de girofle). Le diar est importé de la Côte d’Ivoire ou du Gabon. Il est moulu et mélangé au café. La boisson est préparée selon la méthode classique du café filtre », explique Seydina Aliou Diedhiou, qui travaille tous les jours, de 6 heures à 23 heures, à Khar Yalla, un quartier de Dakar, à l’exception du vendredi et du dimanche.

« Avant, le secteur se portait bien, on gagnait suffisamment d’argent. Mais présentement, tout a augmenté et nous avons du mal à en tirer profit. depuis un moment, nous achetons le kilogramme de café entre 2 000 et 2 500 FCFA, les gobelets à jeter nous reviennent à 8 500 FCFA le carton. Si avec toutes ces charges, nous vendons la tasse de café à 50 FCFA, impossible de se faire un bénéfice correct », se plaint-il. « Après avoir écoulé le café, si on déduit le prix d’achat du café, celui du sucre, des gobelets…, il ne nous reste plus grand-chose. Pour subvenir au besoin de notre famille, c’est Dieu seulement qui nous vient en aide. Nous demandons à nos autorités de nous aider, en faisant baisser le prix du kilogramme de café, celui de sucre et même du gaz », lance-t-il.

Ousmane Sène, un jeune d’une vingtaine d’années, trouvé devant l’étal de Seydina Aliou Diedhiou, est un grand consommateur de cette boisson. Il vante les bienfaits de cette boisson chaude, vendue à tous les coins de rue du Sénégal. « Je préfère le café Touba à tous les cafés du monde, parce que je connais ses bienfaits sur ma santé. Je ne peux pas vous dire exactement quelle maladie ça soigne, mais le café Touba a un goût particulier et une saveur hors du commun. Je le consomme tous les jours et c’est ma boisson préférée au réveil », a-t-il fait savoir.

Maïmouna Barry est une vendeuse de cacahuètes, mais aussi de café Touba. « Je vends des cacahuètes et un peu de café Touba à côté, car les clients aiment consommer les deux à la fois. Beaucoup prennent le café Touba avec les cacahuètes. Ils disent que ça leur donne la pêche. Pour vous dire, j’ai une fois essayé d’en consommer, simplement par curiosité, et depuis c’est devenu une habitude chez moi. Coïncidence ou pas, ce que je peux dire est que depuis, je tombe rarement malade. Est-ce le café ? Difficile de le dire. Mais les gens lui prêtent des vertus. Beaucoup de vertus même », a-t-elle révélé.

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