Conformément à la tradition, c’est la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, qui l’a invité vendredi dans une lettre à « partager sa vision » aux élus américains. Sans grande surprise, le président a accepté cette invitation, a fait savoir l’une de ses porte-paroles, Karine Jean-Pierre.
La date choisie pour ce discours, auquel assistent d’ordinaire des centaines de parlementaires et d’invités est particulièrement tardive, le « State of the Union » ayant d’ordinaire lieu dans les dernières semaines de janvier, ou début février. Elle s’explique probablement par des raisons sanitaires, à l’heure où le variant Omicron fait rage aux Etats-Unis.
Mais cette échéance donne aussi au président américain un peu plus de temps pour espérer faire adopter ses grands projets de réformes au Congrès américain, où ils sont coincés depuis des mois.
– Maternelle, climat, vote –
Il y a d’abord le « Build Back Better », ce gigantesque projet d’investissements social et environnemental censé offrir l’école maternelle à tous les enfants américains, faire triompher le pays face au changement climatique et à la concurrence de la Chine.
Mais ce plan de 1.750 milliards de dollars est paralysé depuis des mois par le veto d’un unique sénateur, Joe Manchin. L’élu démocrate de l’Etat très pauvre de Virginie-Occidentale juge le projet trop coûteux et susceptible d’alimenter l’inflation. La Maison Blanche essaye par tous les moyens de lui faire changer d’avis.
Joe Biden, qui a promis jeudi qu’il ne laisserait personne « mettre le couteau sous la gorge de la démocratie », veut aussi faire adopter une loi censée protéger l’accès au vote des minorités aux Etats-Unis.
Depuis la défaite de Donald Trump à la présidentielle de 2020, plusieurs Etats républicains ont fait passer des lois imposant des restrictions diverses au vote, comme l’interdiction de distribuer des encas aux électeurs qui font la queue pour voter ou de promouvoir le vote par correspondance. Les ONG estiment que ces règles visent et pénalisent particulièrement l’électorat Afro-Américains, qui a très largement voté pour Joe Biden à la dernière élection.
Le parti du président cherche à neutraliser ces restrictions via un grand projet de réforme électorale au niveau fédéral, mais ce texte est lui aussi bloqué au Sénat, où il requiert l’aval des républicains pour son passage. Les élus démocrates essayent de profiter de l’élan autour de l’anniversaire de l’assaut du Capitole et brandissent diverses menaces pour essayer de forcer son adoption.
Un projet d’investissement, une réforme dans l’accès au vote… Joe Biden espère pouvoir vanter l’adoption de ces deux grands chantiers lors de son discours de politique générale, et donner ainsi un nouvel élan à sa présidence, plombée par les mauvais sondages à quelques mois d’un scrutin crucial: les élections législatives de mi-mandat, toujours périlleuses pour les présidents en place.