C’est une victoire pour les professionnels de la filière mais aussi pour le recyclage. Les papiers et cartons recyclés ne sont plus considérés comme un déchet, mais comme une matière première dans plusieurs pays européens.
C’est une victoire sous forme de quelques lignes : une inscription au Journal officiel qui donne le statut de « matière première » aux papiers et cartons récupérés et triés. Pour les professionnels de la filière qui ont investi dans le recyclage avec des machines de plus en plus sophistiquées – 80% de la chaîne est automatisée désormais dans les usines –, c’est la reconnaissance d’une profession. Stéphane Panou, le président de la filière papiers-cartons de Federec, se réjouit : un recycleur n’est plus un chiffonnier récupérateur de cartons usés.
La fin des tracasseries à l’exportation
C’est aussi la reconnaissance que des efforts de tri peuvent permettre en partant d’une matière mélangée d’obtenir une matière première, consommée en lieu et place de la fibre de bois vierge. Un produit qui est garanti par une norme (EN 643) puisque pour obtenir le label « matière première », les papiers et cartons doivent satisfaire plusieurs critères.
Cela veut dire aussi la fin de tracasseries administratives, notamment pour les exportateurs. Faire voyager un produit qui a un statut de déchet, aussi inoffensif soit-il, répond à une règlementation beaucoup plus contraignante que celle d’une matière première.
Les exportateurs français sont particulièrement concernés, car le pays produit plus de cartons et papiers recyclés qu’il n’en consomme, comme c’est aussi le cas du Royaume-Uni. L’excédent français de 1,3 million de tonnes par an est exporté en Europe, mais aussi hors UE, en Inde ou encore en Indonésie.
Une matière moins énergivore que la fibre de bois vierge
Avec cette nouvelle règlementation, la France rejoint l’Italie et l’Espagne qui ont lancé le mouvement en Europe. Elle reflète l’utilisation aussi grandissante de la matière recyclée, certains papetiers n’utilisent aujourd’hui plus un gramme de fibre vierge. La principale raison est un prix plus compétitif, qui ne devrait pas bouger avec ces nouvelles normes, mais aussi la proximité de la ressource qui n’est pas soumise aux aléas du transport maritime.
Sur le plan environnemental, cette matière première a de quoi séduire. L’empreinte carbone de la pâte à papier faite à partir de bois d’eucalyptus venu d’Amérique du Sud est forcément plus grande. Utiliser du papier-carton recyclé est aussi beaucoup moins énergivore puisqu’une première transformation a eu lieu.
rfi
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