À Hong Kong, Carrie Lam traque toute forme de dissidence

Lors de la première session du Conseil législatif hongkongais, mercredi, la cheffe de l’exécutif, Carrie Lam, a annoncé qu’une loi locale comprenant une quarantaine d’autres infractions à la sécurité nationale sera présentée.

Hong Kong va créer une série de nouvelles infractions à la sécurité nationale, a annoncé, mercredi 12 janvier, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam à l’occasion de la première session du Conseil législatif réservé aux « patriotes ».

La nouvelle législation, qui comprendra une quarantaine d’infractions, viendra compléter la loi draconienne sur la sécurité nationale imposée en juin 2020 par Pékin et qui a permis de museler toute dissidence sur le territoire théoriquement semi-autonome. 

Ce texte cible la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des puissances étrangères, quatre infractions passibles de la détention à perpétuité. 

La cheffe de l’exécutif a indiqué que son gouvernement va adopter une législation conforme à l’article 23 de la « Loi fondamentale », la mini-Constitution du territoire théoriquement semi-autonome, qui prévoit que Hong Kong légifère pour sa propre sécurité nationale.

« Le processus législatif relatif à l’article 23 fait partie des obligations constitutionnelles et il ne peut être retardé plus longtemps », a-t-elle déclaré aux députés. Carrie Lam, qui entend présenter son avant-projet de loi avant fin juin, n’a pas précisé la teneur de ces nouvelles infractions. 

L’article 23 porte sur « la trahison, la sécession, la sédition (et) la subversion ». Il vise également à interdire aux organisations politiques étrangères de mener des activités politiques à Hong Kong et aux organisations politiques locales d’entretenir des liens avec des instances politiques étrangères.

La Chine avait imposé sa loi sur la sécurité nationale en juin 2020 à Hong Kong, après des manifestations pro-démocratie massives et souvent violentes qui avaient secoué le territoire l’année précédente. Rédigée de façon très floue, elle a rendu illégale presque toute forme de dissidence et a remodelé la ville, autrefois considérée comme un bastion des libertés, à l’image de la Chine autoritaire.

« Prévenir, réprimer et punir les crimes »

La plupart des figures du mouvement pro-démocratie sont aujourd’hui en prison, ont abandonné la politique ou ont fui à l’étranger. Les infractions à la sécurité nationale concernent en grande majorité des personnes qui ont défendu ou exprimé des opinions politiques désormais considérées comme illégales.

La Loi fondamentale est entrée en vigueur au moment de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, en 1997, et son article 23 prévoit l’adoption d’une loi locale visant à assurer la sécurité nationale dans l’ex-colonie britannique.

En 2003, le gouvernement avait dû renoncer à mettre en œuvre cet article 23 à la suite d’importantes manifestations. C’est pourquoi Pékin a décidé, en 2020, d’imposer à Hong Kong une loi sur la sécurité nationale.

Il est peu probable que ce nouveau projet de loi local ne soit pas adopté, le Conseil législatif étant désormais réservé aux « patriotes » à la suite de nouvelles règles visant à empêcher la présence de toute opposition. Lors du scrutin de décembre, seuls 20 de ses 90 membres ont été élus au suffrage universel direct, les 70 autres étant nommés par des comités loyaux à Pékin.

Un collège de grands électeurs acquis à Pékin devra élire en mars un nouveau chef de l’exécutif. Carrie Lam, dont le mandat de cinq ans s’achève en juin, n’a pas encore indiqué si elle entend se représenter.

Mercredi, elle a reconnu la difficulté de mener à terme le projet de loi soit avant la fin de son premier mandat. 

S’adressant à un hémicycle dont les murs portent désormais l’emblème national rouge et or de la Chine – placé au-dessus du sceau officiel de la ville – Carrie Lam a vanté la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin.

« Sa fonction actuelle est d’être un point d’ancrage pour garantir la stabilité et faire savoir aux gens qu’il y a des conséquences », a-t-elle déclaré aux législateurs, ajoutant que la nouvelle législation serait également « bien écrite ».  « La loi nous impose de prévenir, de réprimer et de punir les crimes. Si la prévention est bien faite, nous pourrons moins punir ».

afp

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