Covid-19 en France: faux passes et gros risques

En France, ce mercredi 12 janvier, le Sénat a adopté en première lecture le projet de loi instaurant le passe vaccinal. Une fois ce texte entré en vigueur, un test négatif ne sera plus suffisant pour aller au cinéma, dans un bar ou pour prendre le train. La pression s’accentue, donc, sur les non vaccinés qui sont environ 5 millions. Certains pourraient être tentés de se procurer des faux passes. Au début de l’année, les forces de l’ordre en avaient débusqué près de 200.000.

Difficile de savoir combien de passes contrefaits circulent actuellement. Les autorités ne se risquent à aucune estimation. Un chiffre, toutefois, révèle l’ampleur du phénomène : on dénombre 5% de faux vaccinés parmi les patients hospitalisés, selon le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Paul*, trentenaire parisien, a le sien depuis le mois de décembre. Assis à la terrasse d’un café, il ouvre sur son téléphone l’application gouvernementale TousAntiCovid et montre à RFI le précieux sésame. « Il y a bien mon nom, ma date de naissance, les deux doses Pfizer. Il fonctionne parfaitement. J’ai voyagé avec, pris l’avion, traversé des frontières. Je suis allé dans des bars », explique le jeune homme qui refuse de se faire injecter un vaccin sur lequel on manque de recul, estime-t-il. Paul est persuadé que puisqu’il est jeune et en bonne santé, il ne fera pas de forme grave de la maladie. Mais cela ne l’empêche pas d’être prudent, plus même qu’une personne vaccinée, dit-il. Quand il a des réunions professionnelles ou qu’il va voir ses parents, il se fait tester avant. Avec son faux vrai passe, il ne paye pas. Paul est en effet officiellement vacciné. Il a reçu son certificat sur son compte de Sécurité sociale, son compte Ameli. Pour la troisième dose, il va procéder de la même manière.

Officiellement vacciné sans avoir reçu de doses

Outre les passeports vaccinaux contrefaits, il est extrêmement facile de se procurer de faux certificats de rétablissement, de faux tests négatifs ou bien encore le passe d’un tiers. C’est ce qu’a fait Paul dans un premier temps. Il jonglait avec les documents de deux amis. Quand à la fin de l’année dernière, le gouvernement a annoncé que les contrôles d’identité allaient être durcis, il a décidé de se procurer un faux passe à son nom. Une simple conversation entre collègues l’a mis sur la piste d’une personne capable de lui en fournir un, moyennant 30 euros. Paul a fait une bonne affaire. Sur les réseaux sociaux, les prix tournent autour de 300-400 euros. Sur Télégram, pour les fêtes de fin d’année, il y avait des promotions à 200 euros.

Derrière ces fraudes, il peut y avoir des professionnels de santé. Plusieurs médecins, pharmaciens ou employés de centres de vaccination ont déjà été condamnés. Mais le plus souvent, les trafiquants agissent dans leur dos, en piratant leurs comptes professionnels. « C’est d’une facilité déconcertante, absolument anormale », raconte Maître Christophe Bruschi qui représente une jeune femme de 23 ans poursuivie pour avoir créé des centaines de faux passes. « Il existe des tutoriels sur internet. Vous allez d’abord sur le site Doctolib (NDLR : plateforme numérique de prises de rendez-vous médicaux) où vous récupérez le numéro RPPS d’un médecin. Les professionnels sont en effet enregistrés dans un registre partagé. Ensuite, avec ce numéro, vous allez sur le site d’Ameli et vous entrez en relation avec ce médecin. Lui pense que c’est la Sécurité sociale qui le contacte et accepte donc d’ouvrir une session. C’est du niveau d’un collégien ! ». La cliente de maître Bruschi encourt cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. Un médecin ou un pharmacien risque en plus la radiation.

Amende et prison ferme

Les utilisateurs de faux passes, eux-aussi, risquent gros. La loi instaurant le passe vaccinal durcit les peines. Détenir un faux passe sera sanctionné de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. Présenter le passe d’une autre personne ou prêter son propre passe sera puni d’une amende de 1.000 euros. Des sanctions qui seront levées si vous vous faites vacciné dans le mois qui suit votre interpellation.

Pas de quoi impressionner Paul qui se fiche de violer la loi. « Je n’ai aucun scrupule. Si je me fais arrêter, je pense que j’écoperai juste d’un rappel à l’ordre. Je payerai l’amende s’il le faut. Ça ne me stresse pas du tout. Il faut déjà qu’ils me choppent. Je connais énormément de personnes qui ont des faux passes. Je ne serai pas le seul. Et puis, les autorités s’attaqueront plus à celui qui a fait les faux qu’à moi. »

Le gouvernement a décidé de renforcer les contrôles et les cyber-enquêtes car, comme l’a rappelé Olivier Véran lundi, « le faux pass sanitaire tue ». Fin octobre, une femme de 57 ans est morte dans un hôpital de Garches, près de Paris. Elle avait un certificat contrefait et n’a pas pu bénéficier des soins adaptés à une personne non vaccinée.

rfi

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