Défiler ou pas, face à la déferlante du variant Omicron? La question a taraudé les marques participant à la semaine de la mode masculine de Milan qui débute ce vendredi, avec une nouvelle édition « phygitale » mêlant shows physiques et présentations numériques.
Giorgio Armani avait jeté un froid en annulant la semaine dernière ses défilés prévus en janvier à Milan et Paris en raison de la nouvelle vague de Covid-19. Un goût de déjà vu, car c’était le maestro de 87 ans qui avait aussi été le premier à renoncer aux défilés au tout début de la pandémie, en février 2020.
Après une période de flottement, 16 des 23 défilés en chair et en os prévus ont été finalement maintenus à Milan, dont ceux de grandes griffes comme Fendi, Dolce & Gabbana, Prada ou encore Etro. Dix-huit marques ont opté pour une présence purement virtuelle, d’autres présenteront leurs collections sur rendez-vous.
Pour la Chambre de la mode italienne, il n’était pas question de renoncer aux défilés. « La Fashion week est notre vitrine, qui sert de moteur » à la reprise du secteur, et elle se fera « dans le respect des réglementations en vigueur », a fait valoir son président, Carlo Capasa.
Après l’année noire 2020, la mode italienne, comprenant habillement, accessoires, lunetterie, joaillerie et cosmétiques, devrait voir ses recettes croître de 20,5% à 82,85 milliards d’euros en 2021, sans toutefois atteindre le niveau d’avant la pandémie.
Le prestigieux carton d’invitation ne suffira plus pour accéder aux défilés, où les places sont comptées, il faudra désormais montrer patte blanche, avec un pass vaccinal en règle, et porter un masque FFP2.
L’Italie a payé un lourd tribut à la pandémie, avec plus de 140.000 morts, et connaît à présent, comme d’autres pays européens, une forte recrudescence des cas, due au très contagieux variant Omicron, malgré un taux de vaccination élevé.
L’optimisme malgré tout
Mais le temps d’un défilé, la pandémie sera mise entre parenthèses: « aller de l’avant en regardant l’avenir avec optimisme » et le « made in Italy » seront les mots d’ordre à Milan, a commenté pour l’AFP Federica Trotta Mureau, rédactrice en chef du magazine de mode italien Mia Le Journal.
La Fashion week masculine, consacrée aux collections automne-hiver 2022-2023, se déroulera jusqu’à mardi et verra la participation de 53 marques.
Le bal sera ouvert par un défilé physique, mais en petit comité, d’Ermenegildo Zegna, qui a fait en décembre ses débuts à Wall Street, devenant ainsi la première maison de couture italienne à être cotée à New York.
« Le monde change et la manière de s’habiller aussi. Le formel devient informel, de haut niveau. Nous avons donné une nouvelle orientation à notre marque, basée sur le +luxury leisurewear+, qui génère de bons résultats », avait expliqué à cette occasion son PDG Gildo Zegna.
Liberté de mouvement
Les tendances de la mode masculine? « La nouvelle élégance, ce sont les +surchemises+, c’est-à-dire des pulls très amples et fluides qui remplacent parfaitement les chemises », explique Federica Trotta Mureau.
Reflet de la liberté de mouvement vestimentaire de l’homme, avant-goût de la sortie de la pandémie, « les stars des nouvelles collections sont les vestes en duvet surdimensionnées qui protègent du froid, ainsi que les pantalons en nylon rembourré », détaille cette spécialiste de la mode.
Les couleurs? « Plutôt vives, mais aussi des tenues monochromes dans des tons vert camel et gris avec des touches de terracotta », parfois assorties de « motifs tels que les rayures, le pied-de-poule et le prince de Galles ».
« L’accent est mis sur les accessoires, qui sont un véritable must, notamment les maxi-sacs inspirés du monde du voyage, pour se déplacer en ville avec tout sur soi », poursuit-elle.
Parmi les incontournables, elle cite aussi « les manteaux matelassés cintrés à la taille, des robes de chambre dans des tons pastel, des ensembles veste-pantalon de style sartorial et des vestes en cuir ».
AFP