L’année 2022 sera placée sous le signe de la lutte contre le réchauffement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. The Economist revient sur les enjeux des exigeantes promesses faites à Glasgow.
Il est habituel, après chaque important sommet de l’ONU sur le climat, que la dynamique de la politique climatique se relâche. On le remarque particulièrement dans la période qui suit les sommets annuels. On s’agite beaucoup pendant leur préparation, et ils suscitent des attentes qui se révèlent quasiment impossibles à satisfaire. Ce fut le cas en 2010 après le désastreux sommet de Copenhague de décembre 2009: le nouveau traité climatique mondial promis a finalement fait l’objet d’un report calamiteux.
Quelle que soit l’impression que laissera la COP26 qui s’est déroulée à Glasgow en novembre dernier, 2022 ne pourra pas s’offrir ce luxe. Au cours des trois premiers mois de l’année, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) publiera deux rapports majeurs de science climatique. Ils détailleront les dernières conclusions sur la vulnérabilité des sociétés et écosystèmes au réchauffement climatique et les mesures nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ces deux rapports ne feront que souligner l’urgence qu’il y a à consolider par des politiques nationales les objectifs climatiques que chaque pays a présentés à Glasgow. Attendons-nous à ce que le premier rapport détaille la façon dont le changement climatique affecte d’ores et déjà la vie dans les pays riches comme dans les pays pauvres. Il rappellera l’importance de limiter le réchauffement global à pas plus de 1,5° au-dessus des moyennes préindustrielles, ce qui correspond à l’objectif le plus ambitieux fixé par l’accord de Paris en 2015. Le second rapport exposera, lui, l’immense défi que représente cet objectif.
Réduire les émissions de manière suffisamment rapide et radicale pour limiter le réchauffement global à 1,5° signifie que le total des futures émissions humaines ne devra pas dépasser 400 à 450 milliards de tonnes -soit à peu près une décennie d’émissions au rythme annuel actuel. Il est malheureusement prévisible que les nouvelles promesses faites à Glasgow en novembre dernier ne suffiront pas à atteindre cet objectif.
La décarbonation s’accélère
On peut donc s’attendre à ce qu’en 2022 les gouvernements et le secteur privé soient soumis à une pression accrue pour qu’ils procèdent à une décarbonation accélérée. « Mise en œuvre » est le grand terme du moment. Il désigne les efforts réels et mesurables que les pays et les entreprises font, ou ne font pas, pour honorer leurs promesses de réduire leurs émissions et parvenir à la neutralité carbone dans un certain délai. Une des préoccupations est que l’explosion des prix de l’énergie qui a débuté au second semestre 2021, et qui fait craindre que des personnes meurent de froid cet hiver, risque d’affaiblir la détermination de politiciens fatigués. « Ce sera le grand repère de 2022, observe Li Suo, analyste pour Greenpeace East Asia. En juin 2022, aura-t-on adopté les trois nouvelles politiques ou initiatives permettant d’atteindre les nouveaux objectifs? »
Vers l’explosion des prix de l’énergie
De plus en plus d’entreprises se fixeront des objectifs zéro émission, elles devront fournir de meilleures données et afficher une plus grande transparence, tout cela afin de garantir une vraie progression vers la décarbonation. Il est probable qu’aux Etats-Unis la Securities and Exchange Commission instaure des règles obligeant les entreprises à exposer en quoi le changement climatique et les mesures pour le combattre affecteront leurs activités. D’autres organismes de régulation, dont ceux de l’Union européenne, réfléchissent à des règles de publication plus contraignantes. En raison de l’expansion volontaire des marchés du carbone, des lignes de conduite doivent être établies pour garantir, par exemple, qu’ « un actif soit vraiment un actif, et que l’on puisse l’observer d’un autre œil » , précise Rachel Kyte, doyenne de la Fletcher School of Law and Diplomacy de la Tufts University et une habituée de longue date des négociations climatiques.
Le -guère intimidant- bâton dont s’est doté l’Accord de Paris pour encourager la réduction des émissions pourrait être brandi dans les mois qui viennent. Ses signataires se sont engagés à procéder à un bilan qui les contraindra à présenter les progrès qu’ils ont accomplis dans la réalisation de leurs objectifs nationaux. La collecte des données en vue du premier de ces bilans commencera en 2022. Il est temps de commencer à agir.
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