De retour en Ukraine, l’ex-président Petro Porochenko risque la détention

L’ex-président ukrainien Petro Porochenko est rentré dans son pays, lundi, après un mois d’absence et malgré la menace d’une arrestation pour « haute trahison ». Il accuse son successeur, Volodymyr Zelensky, d’avoir ordonné des poursuites contre lui pour « détourner l’attention » des problèmes réels de l’Ukraine.

L’ex-président Petro Porochenko est rentré en Ukraine, lundi 17 janvier, malgré la menace d’une arrestation. L’affaire risque de provoquer une crise politique intérieure, en pleines tensions géopolitiques avec la Russie.

Son vol de ligne en provenance de Varsovie a atterri peu après 07 h 10 GMT à l’aéroport Sikorsky de Kiev. Petro Porochenko, qui avait quitté l’Ukraine depuis un mois, a passé le contrôle des passeports dans la cohue, affirmant ensuite que les garde-frontières avaient tenté de ne pas le laisser rentrer.

Il doit comparaître en fin de matinée devant un tribunal qui décidera s’il y a lieu de placer l’ex-chef de l’État et opposant au président Volodymyr Zelensky en détention provisoire.  

Les autorités « ont tellement peur de nous », a-t-il lancé. « Ils ont dirigé tous leurs efforts non pas vers la protection de l’État contre l’agresseur [russe] mais vers la lutte contre l’opposition », a-t-il accusé.

Devant l’aéroport, plusieurs milliers de ses partisans étaient rassemblés. « Nous avons besoin de la démocratie » ou « le pays a besoin de Porokh [surnom de Porochenko, NDLR] », proclamaient leurs pancartes.

« Haute trahison »

Ce retour n’est pas sans rappeler celui en Russie de l’opposant Alexeï Navalny, il y a exactement un an. Le détracteur du Kremlin a été arrêté et est en prison depuis.

Petro Porochenko accuse son successeur d’avoir ordonné les poursuites contre lui pour « détourner l’attention » des problèmes réels du pays. Âgé de 56 ans, il est le principal rival de l’actuel président et l’un des hommes les plus riches d’Ukraine.

Les autorités le suspectent d’avoir, pendant sa présidence, entretenu des liens commerciaux avec des séparatistes pro-russes de l’Est, ce qui constituerait un acte de « haute trahison ». Aujourd’hui député, l’ex-président a été cité depuis dans plusieurs dizaines d’affaires judiciaires. 

Ce bras de fer intervient au moment où l’Ukraine craint une invasion par la Russie voisine qui a massé depuis des mois troupes et blindés à ses frontières.

Avoirs gelés

Petro Porochenko rejette en bloc les accusations et Washington, principal allié de l’Ukraine face à la Russie, a dit « suivre de près » le dossier.

Début janvier, un tribunal de Kiev a ordonné le gel des avoirs de l’ex-président qui possède notamment une grosse entreprise de confiserie, Roshen, et deux chaînes de télévision.

Il est aussi soupçonné d’avoir facilité l’achat de charbon à des entreprises situées dans l’est de l’Ukraine, aux mains des séparatistes prorusses qui sont en guerre contre Kiev.

Les faits remontent à 2014 et 2015 et portent sur environ 48 millions d’euros. Le crime est passible de 15 ans de prison.

L’Ukraine est déchirée depuis 2014 par un conflit dans l’Est du pays entre forces de Kiev et séparatistes prorusses qui a fait plus de 13 000 morts et a démarré après l’annexion de la Crimée par Moscou.

Toute tentative de coopération avec les séparatistes, dont Moscou est largement considéré comme le parrain militaire, est très mal perçue par nombre d’Ukrainiens.

En 2019, Petro Porochenko avait été battu à plate couture par Volodymyr Zelensky, un ex-comédien novice en politique. L’ancien chef de l’État semble déterminé à prendre sa revanche.

Pendant son passage au pouvoir, Petro Porochenko a rapproché son pays des Occidentaux, mais n’a pas réussi à endiguer la corruption et la pauvreté. Volodymyr Zelensky a promis d’éradiquer ces fléaux, sans y parvenir jusqu’à présent.

france24

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