Eric Zemmour condamné. Le tribunal correctionnel de Paris a rendu ce lundi sa décision concernant le polémiste et candidat à la présidentielle, jugé en novembre dernier pour ses propos sur les mineurs isolés. La justice a décidé de le condamner à une amende de 10.000 euros, conformément aux réquisitions, pour complicité de provocation à la haine raciale et injure raciste. Le directeur de la publication de CNews, Jean-Christophe Thiery a écopé lui-aussi d’une amende de 3.000 euros.
« Un jugement vient d’être rendu mais la justice n’est pas encore passée », a réagi Me Olivier Pardo, l’avocat d’Eric Zemmour qui invite son client à faire appel de cette condamnation.
Le 29 septembre 2020, Eric Zemmour participe à un débat sur CNews sur les mineurs isolés après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo. Il déclare alors: « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent. »
« Mécanismes de la haine »
Plusieurs associations anti-racisme s’étaient constituées partie civile, ainsi qu’une vingtaine de conseils départementaux – les départements étant en charge de l’Aide sociale à l’enfance qui accompagne ces mineurs isolés.
Eric Zemmour, qui s’est déclaré depuis candidat à la présidentielle, ne s’était pas présenté à l’audience qui s’est tenue le 17 novembre dernier. Sa défense avait fait valoir que le polémiste ne souhaitait pas que le tribunal se transforme en studio de télévision.
Pour la procureure, les propos tenus par Eric Zemmour n’étaient pas « un accident de langage ». La magistrate estimait que plus largement, le polémiste visait la population immigrée et employait, selon elle, « les mécanismes de la haine », tandis que plusieurs associations et une vingtaine de conseils départementaux, en charge de l’Aide sociale à l’enfance, se sont constitués parties civiles.
Eric Zemmour fonctionne par « généralisations, un procédé classique du racisme », ajoutait-elle, souhaitant « insister » sur le danger de la « banalisation du discours d’un ennemi commun ». Elle avait requis 10.000 euros d’amende.
« Une position politique »
Sur la forme, comme sur le fond, la défense d’Eric Zemmour avait balayé les arguments à son encontre. Eric Zemmour « essaie de développer une thèse », avait répondu dans sa plaidoirie l’avocat du polémiste. « Sa thèse, c’est qu’il ne faut aucune immigration », c’est une position politique », insistait alors Me Prado, qui estimait que son client n’a fait que dire « la réalité ».
D’un point de vue juridique, la défense d’Eric Zemmour estimait que la citation à comparaître pour « complicité de provocation à la haine raciale » ne tenait pas. Pour l’avocat, les mineurs isolés n’étant ni une race, ni une nation, ni une ethnie et son client ne pouvait donc répondre de ce chef d’accusation. Une position qu’il a martelé à la sortie de la salle d’audience ce lundi, estimant que cette condamnation n’est pas « solidement argumentée juridiquement ».
« Le sort qui lui est réservé, la rapidité avec lesquelles ces audiences viennent et surtout la dénaturation pour essayer de faire rentrer ses propos dans un cadre participe à une sorte de transformation et n’est pas le régime de tout le monde », a conclu Me Pardo.
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