Les 15 pays de la CEDEAO collectent seulement 2 à 3 % des 6 milliards de litres de lait qu’ils produisent chaque année, pour les transformer, a indiqué, mardi, à Thiès (ouest), l’assistant technique en élevage et pastoralisme de l’organisation d’intégration régionale, Soulé Bio Goura.
Selon lui, la quantité de lait collectée dans les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour être transformée, ne représente que 2 à 3 % de la production.
L’expert de la CEDEAO prenait part à une concertation régionale en vue du lancement d’une plateforme d’appui à la promotion du lait local en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Cette rencontre de trois jours se tient à l’initiative de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en savane, du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest et du Réseau Bilital Maroobé.
Elle se déroule au Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (CERAAS) de Thiès. Des délégués d’organisations paysannes et pastorales d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, y prennent part.
‘’Environ 2 milliards de litres de lait sont importés chaque année, pour un coût de 1,5 milliard de dollars (environ 858 milliards de francs Cfa), ce qui grève les budgets de nos Etats’’, a indiqué M. Goura.
Selon lui, le Nigéria, le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont les plus grands importateurs de lait de la région.
Ces pays ‘’n’arrivent même pas à collecter’’ le lait produit chez eux, a-t-il souligné, reconnaissant que le Sénégal fait des efforts ‘’un peu importants » en matière de collecte – autour de 6 % de la production.
La Mauritanie – un pays ne faisant pas partie de la CEDEAO – fait mieux dans ce domaine que les autres pays de la région, a signalé Soulé Bio Goura.
Le Nigéria, le premier producteur de lait en Afrique de l’Ouest, n’en collecte que moins de 2 %, selon M. Goura.
La plateforme prévue pour faire la promotion du lait local est ‘’capitale pour la CEDEAO’’, qui a identifié ‘’cinq produits stratégiques, à la fois pour leur potentiel en termes de sécurité alimentaire et le degré de dépendance que la région a par rapport à ces produits-là’’.
Il s’agit du lait, du riz, de la viande, du maïs et du manioc.
La future plateforme va tenter de persuader les Etats, les organisations professionnelles et le secteur privé, de financer ces cinq filières.
L’inexistence d’‘’un tissu industriel adapté’’ est l’une des causes de la faible exploitation du lait local, selon Soulé Bio Goura. ‘’Nos vaches ne sont pas bien nourries, ni bien soignées. Nous n’avons pas développé des formes génétiques permettant d’améliorer leur productivité’’, a-t-il relevé.
La filière lait est également confrontée à la concentration des médecins vétérinaires dans les villes, tandis que les zones rurales sont le lieu par excellence de la production laitière, a fait remarquer M. Goura.
La production ne couvrant pas les besoins, les consommateurs recourent à des ‘’solutions de facilité’’, en achetant du lait en poudre pour alimenter les laiteries.
Seuls six des 15 Etats de la CEDEAO ont inscrit l’élevage dans les priorités de leur politique de développement, selon l’assistant technique en élevage et pastoralisme de l’organisation d’intégration régionale.
L’élevage représente 15 à 20 % du produit intérieur brut de ces six pays, a-t-il indiqué.
La CEDEAO, elle, incite les Etats membres à investir dans l’élevage et à le diversifier.
‘’Plus la population augmente, plus le pouvoir d’achat augmente. Il y a une plus forte propension à consommer des produits laitiers et des protéines animales’’, a expliqué Soulé Bio Goura.
Khalilou Sow, le Directeur de Cabinet du ministre sénégalais de l’Elevage et des Productions animales, a évoqué les efforts fournis par le Sénégal en matière de production et de transformation du lait.
Le pays a importé, tout récemment, 1.250 vaches laitières, dans le cadre d’un partenariat public-privé, entre l’Etat et l’Association nationale pour l’intensification de la production laitière. ‘’C’est la troisième opération de ce genre’’, a souligné M. Sow.
Le président de la République a décidé, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de l’Elevage, d’augmenter la subvention sur les vaches laitières importées, de 30 à 50 %, en plus d’une mesure d’incitation fiscale.
Certains éleveurs ont exprimé leurs réserves, concernant les importations de vaches laitières. Ils estiment qu’il serait plus judicieux d’améliorer les conditions de vie des vaches locales et d’augmenter, en même temps, la production de lait et de viande. Les vaches du cru résistent plus que les vaches importées aux conditions climatiques locales, selon eux.
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