Double champion des poids lourds de l’UFC depuis dimanche dernier, Francis Ngannou ne s’est pas installé par hasard sur le toit du monde. Il a connu un très difficile parcours, depuis son village natal Bati. AFRIK.COM est parti sur les traces du champion du monde poids lourds en MMA UFC.
Francis Ngannou est aujourd’hui un champion incontestable. Mai il aura galéré dur pour en arriver à ce stade de la gloire. Très jeune, en effet, le natif du village de Batié au Cameroun a d’abord travaillé dans une mine de sable, avant de rejoindre la capitale économique du Cameroun, Douala. C’est dans le populeux marché de friperie de Mboppi que l’homme s’est véritablement forgé une carapace de champion. D’ailleurs, sur les lieux, il est considéré comme un « dieu vivant » par ses anciens collègues, qui l’immortalisent avec ses posters ou encore ses dessins sur les murs.
Diplômé en bâtiment (CAP), Francis Ngannou, qui fait aujourd’hui la fierté de tout le Cameroun et de toute l’Afrique, est une force de la nature. Malgré la puissance phénoménale dont il fait montre sur tous les rings de l’UFC, il reste un homme courtois, pacifique et doté d’un cœur en or. L’homme a vécu une enfance très modeste, puisqu’il a été élevé dans une extrême pauvreté, surtout après le divorce de ses parents. A l’époque, le jeune Francis Ngannou a alors été obligé de travailler dans une mine de sable dans son village natal, Batié, pour subvenir à ses besoins et entretenir sa mère. Après quelques années de dur labeur, il décide d’aller tenter sa chance à Douala, capitale économique du Cameroun.
C’est en fin d’année 2007 qu’il retrouve son frère-ami Carlos Noubiwou dit « Américain », dans le populeux marché de friperie de Mboppi ou il a travaillé jusqu’en 2011, soit quatre ans. « Ngannou a toujours été un défenseur. Il a toujours détesté taper même sur quelqu’un. Il n’a jamais aimé le désordre. Il était toujours réservé. Moi, j’étais particulièrement très désordonné, mais il m’avait amené à un autre niveau. Il m’arrivais même de me battre contre lui, quand on était encore plus jeune. Mais, quand j’ai quitté le village pour la grande ville et que je suis revenu deux ans après, j’ai vu Ngannou prendre plus de volume. Je n’avais qu’une seule idée en tête : l’éviter (rires). Je savais que je n’avais plus aucune chance devant lui. Il m’a ramené à la raison. Depuis, il me considère comme son propre frère », témoigne Carlos Noubiwou, qui serait plus âgé d’une année que Francis Ngannou.
Francis Ngannou, un « dieu vivant » dans son village natal
C’est d’ailleurs lui qui nous a accompagnés sur les traces du champion du monde, à l’intérieur du marché de friperie de Mboppi à Douala où Francis Ngannou a travaillé comme chargeur de remorques. Sur place, on retrouve ses anciens collègues qui se disent fiers de lui. Selon les témoignages, l’athlète vient toujours leur rendre visite quand il revient à Douala. Mieux, Ngannou n’hésite pas à jouer au damier avec eux. Le constat au marché de friperie de Mboppi est phénoménal : toutes les boutiques de la rue portent des portraits de l’athlète et même ses dessins sur les murs. Au village, il serait presque un « dieu vivant », comme nous le confie Carlos Noubiwou. « Au village aujourd’hui, on ne parle que de Ngannou. C’est un phénomène… Il fallait voir sur les réseaux sociaux comment le chef du village était assis en train d’attendre le combat, de 20 heures à 6 heures du matin », révèle-t-il. Combat que le Camerounais a remporté dimanche contre le redoutable Ciryl Gane.
Au cours de ce combat, Francis Ngannou a étalé toute sa classe, en pliant la confrontation au cinquième round. Comme à son habitude, le champion camerounais a fait usage de ses mains en plaçant des coups bien précis à son adversaire. Des frappes précises et dévastatrices qui ne sont pas le fruit du hasard. En effet, quand il était encore au Cameroun, son lieu de prédilection : la salle de boxe Dr Kuissi Martin, à l’intérieur de la formation Aumôniers, à la prison centrale de Douala. C’est dans cette salle que Francis Ngannou venait tous les soirs s’entraîner, avant de rejoindre le « vieux continent » où il continue d’écrire son histoire en lettre d’or.
Francis Ngannou est aujourd’hui champion en MMA, mais ce n’est pas la trajectoire que sa maman voulait qu’il emprunte. Au début, sa mère ne voulait pas le voir combattre pour de l’argent, mais aujourd’hui, elle semble comprendre les enjeux. « La maman de Francis Ngannou n’appréciait pas que son enfant se batte pour de l’argent. Aujourd’hui, elle a bien compris et elle le soutient d’ailleurs. Car, Francis Ngannou est une grande fierté pour tout le village de Batié, mais aussi pour tout le Cameroun et toute l’Afrique », se glorifie Carlos Noubiwou.
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